L'organisation, cet été 2016, du championnat européen de football en France est l'occasion, pour les villes hôtes, de se faire un paquet d'argent : tourisme, consommation... les visiteurs seront légion. Mais il y a une manne financière que les villes redoutent de ne pas toucher : celle de la taxe de séjour. Les maires concernés, portés par Alain Juppé, sont donc montés au créneau contre Airbnb et les autres sites de location entre particuliers qui ne semblent pas avoir envie de leur donner leur dû.
Des centaines de milliers voire des millions d'euros à la clé
Alors que le gouvernement baisse l'argent versé aux communes dans le cadre de son plan de réduction des dépenses, l'Euro 2016 est l'occasion de se faire un peu de cash. Tous les touristes payent en effet une taxe de séjour, collectée par les hôtels, qui finit directement dans les caisses de la ville. Tous... sauf ceux qui louent sur les sites comme AirBnb.
Ces sites, dont le développement est en pleine croissance, représenteraient à eux seuls, d'après Les Echos, entre 100 000 et 200 000 euros en termes de taxe de séjour pour les villes qui hébergent des matchs de l'Euro 2016. Une somme énorme qui les maires ne veulent pas se laisser filer entre les doigts. Mais les sites de location entre particuliers font la sourde oreille : selon eux, les taux sont trop compliqués à mettre en place et la collecte de la taxe de séjour est difficile.
Pourtant, depuis août 2015, ces mêmes sites ont l'obligation de collecter cette taxe : le gouvernement leur a donné jusqu'à août 2016 pour se conformer à la réglementation. Malheureusement la compétition se déroulera en juin...
Alain Juppé gonfle le torse et menace
Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, est concerné par ce conflit entre les communes et Airbnb. Selon le journal Les Echos, il a donc décidé de faire appel au Premier ministre pour résoudre la situation. Immédiatement, les maires des autres villes de l'Euro lui ont apporté leur soutien : tous veulent que les sites de location entre particuliers payent cette fameuse taxe de séjour.
Matignon lui a promis d'établir une liste des divers taux de taxe de séjour pour les sites en question dès mai 2016. Les sites pourraient donc facilement l'implémenter dans leurs calculs de prix et collecter la taxe. Mais le délai est court et ça risque de coincer. Alain Juppé a donc pris les devants et anticipé la réaction d'Airbnb : il a envoyé à l'entreprise une lettre la menaçant de porter l'affaire devant les tribunaux.
Le risque de la grève de la taxe de séjour par... les hôteliers
Si le maire de Bordeaux agit, c'est que les hôteliers, qui voient leur chiffre d'affaires menacé par les sites de location entre particuliers et, surtout, par les personnes utilisant ces sites comme un véritable business proposant à la location des centaines d'appartement pendant une durée supérieure à la durée légale, ont déjà menacé d'agir de leur côté.
Si Airbnb ne paye pas la taxe de séjour, ils ont déclaré qu'ils n'allaient pas la payer non plus. Une grève fiscale qui risque de faire perdre beaucoup d'argent aux caisses des communes concernées. De l'argent facile, par ailleurs, collecté sans devoir augmenter les impôts locaux.