Au lendemain de la COP26 qui a remis en lumière les enjeux et les difficultés de mise en oeuvre des accords nationaux liés à l’urgence climatique, les sujets relatifs à l’activité du transport reviennent sans cesse sur le devant de la scène : mobilités douces, report modal, réduction de l’empreinte carbone et amélioration de l’expérience client. Plus que jamais, les entreprises doivent jouer un rôle de premier plan en adoptant des mesures concrètes et prioritaires.
L’impact carbone du transport : véritable prise de conscience par les entreprises ?
La crise de la COVID a modifié en profondeur les logiques de consommation, de distribution et donc de transport : télétravail, restauration et livraison à domicile, explosion du e-commerce… Les évolutions sociétales, à l'œuvre depuis plusieurs années, ont aussi un impact citoyen : mieux consommer, de façon durable et responsable, utiliser les circuits courts avec des délais toujours plus raccourcis et au plus près de chez soi !
Ainsi, répondre aux nouvelles logiques de consommation tout en garantissant aux citoyens une logistique urbaine plus vertueuse, c’est à LA résolution de cette équation complexe à laquelle les professionnels du transport et de toutes les chaînes logistiques doivent s’atteler.
Pour ce faire, il apparaît encore difficile de mesurer ou de quantifier l’empreinte carbone de l’activité transport d’une entreprise car elle comprend différents éléments dont les émissions de CO2.
Quoi qu’il en soit, il est primordial de démarrer le processus par la mesure. Chaque transporteur possède sa propre grille d’évaluation et d’interprétation des résultats. Cependant, si la collecte des données et la modélisation sont réalisées en interne, elles peuvent s’avérer longues et complexes.
La démarche de Fret21, de mesure et d’engagement volontaire de réduction des émissions de CO2, répond à cette problématique et permet de définir clairement un plan d’actions.
Au menu des défis sectoriels à relever sur le court terme, on peut souligner l'optimisation de la taille des colis, des emballages et du nombre de colis par véhicule pour lutter contre la congestion des centres-villes, la réduction des nuisances sonores, l'encouragement de l’économie circulaire… La profession, déjà engagée pour la préservation des ressources naturelles et la réduction des émissions polluantes, agit concrètement en la matière, en décarbonant de plus en plus son activité à travers de nombreux programmes interprofessionnels.
L’évolution électrique du dernier kilomètre dans les centres-villes : une initiative à court terme, en attendant une propulsion viable sur le long terme
À une époque où l’on parle de plus en plus de faire la chasse aux émissions de gaz à effet de serre, le transport de marchandises est sous le feu des projecteurs puisqu’il participe à hauteur de 35% aux émissions de CO2 en ville.
Les professionnels du transport et de la logistique sont engage?s depuis longtemps dans la diminution progressive et durable de l'empreinte carbone de leurs activite?s dans un cadre mai?trise?, sur la dure?e et en tenant compte de la re?elle disponibilite? des ve?hicules de substitution. Me?me si les objectifs ambitieux de la loi doublant la part modale du fret ferroviaire et fluvial sont atteints, le fret routier restera a? plus de 75%(1) le mode tre?s largement majoritaire ces prochaines années.
Parce que la livraison du « dernier kilomètre » est la plus coûteuse (20%(2) du coût total de lachaîne) et que les transporteurs sont de plus en plus réticents à livrer des centres-villes souvent inaccessibles, il faut inventer des alternatives économiques et surtout écologiques.
En effet, si les premiers kilomètres sont bien maîtrisés (flux tendus entre stocks et centres de livraison) au fur et à mesure que le produit se rapproche de son destinataire final, le coût unitaire de transport augmente et arrive donc à son apogée au cours du dernier kilomètre. C’est le « défi du dernier kilomètre » auquel se confrontent de nombreux logisticiens et leurs clients e-marchands.
Des véhicules électriques aux véhicules légers en passant par des péniches, de nombreux moyens de transport alternatifs dits “propres” tous complémentaires et tous très utiles, sont mis à disposition pour atteindre et livrer convenablement les centres-villes.
Par ailleurs, de nombreux tests sont réalisés en partenariat avec les constructeurs de camions pour évaluer la viabilité et le mode de propulsion pérenne.
Si l’électrique semble se montrer fiable et viable économiquement pour les véhicules légers, ce n’est pas le cas pour les poids lourds.
Certains transporteurs évoquent l’hydrogène comme solution pertinente à moyen terme, mais le réseau des stations-services est pour l’instant peu dense et le coût d’acquisition de ce type de camions 5 fois plus cher qu’un véhicule diesel dernière génération.
Autre solution : malgré un surcoût d’acquisition de 30% mais avec un mix cout/énergétique optimum, la propulsion gaz et surtout biogaz vient alors contrebalancer la généralisation du diesel, avec une baisse moyenne des émissions par rapport au diesel de 15% selon Urby.
Une politique qui sanctionne les entreprises les plus polluantes… et pourquoi pas une politique de bonus ?
La mise sous contrainte, par le biais des restrictions de livraison dans les centres-villes par exemple, permet la mise en place d’actions concrètes rapidement. Toutefois les entreprises doivent, en complément, prendre conscience de leur impact par elles-mêmes, sensibiliser leurs collaborateurs, éduquer leurs clients afin de se focaliser sur ces enjeux majeurs.
Par ailleurs, les collectivités locales et le régulateur politique posent un cadre réglementaire contraignant pour les transporteurs. L’ensemble de la chaîne logistique est à associer et notamment les clients qu’il faut responsabiliser durant le parcours d’achat.
Aujourd’hui, les collectivités ou entreprises s’associent à des start-ups afin de proposer des offres innovantes qui répondent à la politique du dernier kilomètre, comme, par exemple, le recours à des triporteurs à propulsion électrique et avec remorques afin de s'affranchir des coursiers en vélo dont la capacité de distribution des colis est assez faible. .
La filière du transport est en pleine mutation avec une véritable prise de conscience collective permettant une avancée dans la recherche de solutions concrètes pour répondre aux enjeux de réduction de l’impact carbone.
Le régulateur politique joue son rôle pour ménager les entreprises et beaucoup d’engagements sont entrepris mais peu d’actions concrètes voient le jour car trop coûteuses, trop contraignantes ou pas assez matures. Les objectifs sont toujours fixés sur du très long terme 2030, voire 2050, mais pourquoi ne pas se fixer d'objectifs intermédiaires plus courts ?
Partage de quelques conseils pour maîtriser l’impact carbone de l’activité transport d’une entreprise :
1/ Mesurer la consommation de CO2 afin d’établir une base de référence et connaître précisément la quantité de ses émissions.
2/ Travailler en étroite collaboration avec les transporteurs et logisticiens pour leur faire prendre conscience de la nécessité de réduire l’impact carbone et promouvoir ainsi la mise en place d’initiatives communes : tester des véhicules à faible émission, travailler sur la rationalisation des flux et le remplissage des camions, prendre en compte leur remontée terrain, optimiser le meilleur emballage des produits, etc.
3/ Embarquer les différents services de l’entreprise pour mettre en place des optimisations structurantes.
4/ Responsabiliser les clients sur leur choix de livraison et leurs impacts environnementaux lors de leur parcours d’achat et les informer des initiatives mises en place pour limiter l’impact carbone.
1 Chiffre Union TLF
2 Chiffres publiés par le comité d’analyse stratégique