Une drôle de foire d’empoigne autour du train de nuit

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Par Alain Nouna Modifié le 13 décembre 2021 à 15h07
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@shutter - © Economie Matin
2000 EUROSCertains trains de nuit de luxe affichent un prix de plus de 2.000 euros la nuit.

La crise environnementale et sanitaire signe le grand retour du train de nuit. Avec une conséquence attendue : la concurrence entre les opérateurs de transport qui se battent notamment sur le segment très haut de gamme des trains-croisière. Beaucoup moins attendus, de nouveaux acteurs, au profil étonnant, viennent profiter de la vague du « slow travel » au tarif parfois exorbitant, teintée de nostalgie Belle-Époque.

Engagement écologique pour le transport ferroviaire européen

Alors qu’on pensait le train de nuit endormi à tout jamais, le voilà qui se refait une seconde peau. C'est notamment dans le cadre du plan France Relance et de son enveloppe de 100 millions d’euros annoncés par le gouvernement que les trains de nuit font leur grand retour : cette année, ce sont par exemple le Paris-Nice et le Paris-Tarbes qui ont été remis sur les rails. « Mon ambition, c'est que des trains de nuit relient Paris aux capitales européennes : Madrid, Rome, Copenhague, peut-être même Stockholm », a déclaré dernièrement le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Lundi 13 décembre 2021, le Vienne-Paris sera également inauguré. S'en suivront en Europe Zürich-Cologne-Amsterdam, Zurich-Rome, Vienne-Berlin-Bruxelles, Vienne-Berlin-Bruxelles-Paris, et enfin Zurich-Barcelone d'ici 2024.

« Tout le monde disait que le train de nuit ne repartirait jamais et qu’il ne serait pas rempli. Il est rempli, avec des petits prix, un très grand succès populaire. Cela amorce je crois une période de succès pour ces trains sûrs, abordables, et qui permettent de voyager différemment » déclarait le ministre en septembre 2021. Les dirigeants de la SNCF se félicitent eux aussi de leur projet qui, selon eux, répond aux exigences environnementales de leurs clients et ne traduirait pas moins qu’un réel engagement écologique pour le transport ferroviaire européen.

Du bas carbone à prix fort

Une affaire qui roule et qui fait des envieux : la concurrence se renforce entre les opérateurs de transport qui s'arrachent aujourd'hui le segment des trains de luxe et notamment la marque Orient Express. A l'image du groupe hôtelier Accor qui tente de s’imposer dans le game du haut-de-gamme face au britannique Belmond, racheté par le leader du luxe LVMH en 2019. Belmond exploite depuis 40 ans la ligne reliant Londres à Venise via Paris et vient d'y rajouter trois terminus : Amsterdam, Bruxelles et Florence. L'opérateur possède également des services de prestige dans la cordillère des Andes (Hiram Bingham) et poursuit son expansion : « Nous voulons continuer à être pionnier », affirme le vice-président du groupe en charge des trains et croisières.

L’Orient Express La Dolce Vita, nom choisi pour la toute nouvelle compagnie, partira de Rome, direction Paris, Istanbul et Split. Un aménagement luxueux pour de riches clients adeptes du « slow travel » : les trains devraient rouler à 70 kilomètres/heure et seront limités à 62 passagers pour la modique somme de... 2 000 euros par personne et par nuit.

Mais le groupe Accor n’est pas le seul acteur pour le moins inattendu à vouloir rouler sur les rails lucratives du train croisière de luxe. D’autres opérateurs entrent dans la course, à l'image du Puy du Fou par exemple où les rêves de gosses tentent de devenir réalité. « Je m’étais mis dans un coin de la tête que j’aurais moi aussi un train. Mais un vrai. » raconte le président du fameux parc d'attraction Nicolas de Villiers au sujet du train miniature de son copain d’enfance. C’est donc un tour de France de 4000 kilomètres, soit un voyage de 6 jours de Paris jusqu’à la Vendée que propose le Puy du Fou pour 2023. Avec à la clé, une cabine qui devrait coûter au minimum... 4900 euros à ses passagers.

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ingénieur en logistique, diplômé d'un Master 1 Économie et d'un Master 2 Transports Internationaux à la Sorbonne.

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