En économie, nous aimons utiliser des termes assez abscons, incompréhensibles pour être sûr de ne pas être compris, et surtout pour faire croire au plus grand nombre que l’économie est une science d’une grande complexité.
En réalité il n’en est rien.
L’économie est chose assez simple finalement, mais il ne faut pas surtout pas que vous vous en rendiez compte d’où aussi, un peu la vocation de ce site et de mon travail !
Alors notre Christine Lagarde nationale, qui est à la tête de la BCE, au lieu de dire simplement un truc du genre, « il y a tellement de problèmes à affronter avec la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie, les risques de récession, l’inflation très élevée, les confinements en Chine et j’en passe, que la remontée des taux on verra bien quand on y sera, parce que franchement, je ne sais même pas ce qu’il va se passer demain ou d’ici la fin de la semaine, alors prévoir à 6 mois pfff »… Voilà la réalité vraie.
Dans la bouche d’une présidente de banque centrale cela donne donc les déclarations suivantes :
Gradualisme, optionnalité et flexibilité lors de l’ajustement de la politique monétaire.
Dans un tel contexte, il y a des arguments en faveur du gradualisme, de l’optionnalité et de la flexibilité lors de l’ajustement de la politique monétaire.
« La progressivité est une stratégie prudente dans l’incertitude. En particulier, comme le taux neutre est inobservable et dépend de nombreux facteurs, nous ne saurons vraiment où il en est qu’une fois que nous y serons. Cela signifie qu’il est judicieux d’avancer étape par étape, en observant les effets sur l’économie et les perspectives d’inflation à mesure que les taux augmentent ».
Ben oui ma Christine. T’en sais rien du tout et mes poules de cristal en savent autant que toi si ce n’est plus ! D’ailleurs elles avaient prévu l’inflation mes poules et elles ne la voient pas baisser dans les prochaines semaines.
« L’optionnalité est importante pour nous permettre de réoptimiser la trajectoire politique au fur et à mesure, d’autant plus que les variables clés qui sous-tendent cette trajectoire ne deviendront plus claires qu’avec le temps. L’effet restrictif des chocs d’offre sur la croissance signifie que la demande est déjà, dans une certaine mesure, ramenée au niveau de l’offre. Si ces effets restrictifs devaient se renforcer, le rythme de normalisation serait plus lent. Dans le même temps, il existe clairement des conditions dans lesquelles la progressivité ne serait pas appropriée. Si nous devions voir une inflation plus élevée menacer de désancrer les anticipations d’inflation, ou des signes d’une perte de potentiel économique plus permanente qui limite la disponibilité des ressources, la politique optimale deviendrait la même que pour un choc de demande : nous devrions retirer rapidement les logements. pour éradiquer le risque d’une spirale auto-réalisatrice« .
Haaaa… l’optionalité, c’est beau, je pense qu’elle a du y penser en se rasant le matin avec ses dizaines de conseillers autour de la table pour nous pondre ce terme. En, gros l’optionalité, c’est le fait de dire un truc, mais de se réserver le droit de faire l’inverse demain si la situation change… Bravo Christine. C’est brillant.
Enfin parlons de la…
« Flexibilité nous aidera à assurer la transmission harmonieuse et uniforme de notre politique monétaire dans la zone euro à mesure que la normalisation progresse. Pour cette raison, il est prématuré à ce stade d’examiner comment les politiques de bilan de la BCE – en particulier le réinvestissement du stock arrivant à échéance des actifs achetés dans le cadre du PEPP et de l’APP – interagiront avec le processus de normalisation des taux d’intérêt. Pour le moment, nos taux d’intérêt directeurs agiront comme l’outil marginal d’ajustement de l’orientation de la politique ».
Comme j’en sais rien de tout, il est « prématuré » que je vous parle de l’avenir des politiques monétaires nous dit donc Christine. Mes trois petits singes (qui n’ont pas la variole, je précise) me disent de vous dire que si elle n’en sait rien et que c’est prématuré, il y a toujours la possibilité de se taire et de ne pas parler pour ne rien dire.
Enfin, tenez-vous bien… Pour Dame Christine, « toute décision future concernant le bilan devra être cohérente à la fois avec l’évolution des perspectives d’inflation à moyen terme et avec notre engagement à assurer la transmission de la politique – d’autant plus que le réinvestissement flexible du portefeuille PEPP est un outil que nous avons mis à disposition pour atténuer les risques de fragmentation. Si nécessaire, nous pouvons concevoir et déployer de nouveaux instruments pour sécuriser la transmission de la politique monétaire à mesure que nous avançons sur la voie de la normalisation des politiques, comme nous l’avons montré à de nombreuses reprises dans le passé ».
C’est effectivement mieux que les futures décisions soient cohérentes avec ce qu’il se passera dans le futur… ce serait même logique et disons que faire l’inverse serait juste de la crétinerie mais bon. Et enfin Christine conclut en disant que de toutes les façons elle a des outils et que si besoin elle en inventera d’autres en fonction de ce qui l’arrangera.
Voilà, Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, n’a pas la queue d’une idée sur ce qu’il faut faire et ne sait rien sur ce qu’il pourrait se passer. Mais rassurez-vous elle sera flexible et dans tous les cas elle inventera de nouvelles mesures nécessaires pour faire tenir notre système le plus longtemps possible.
Ceux qui savent lire et qui ont encore des neurones en fonctionnement trouveront cela inquiétant.
Pour la très grande majorité ils n’ont rien compris.
Pour les marchés, ce que vient de dire Lagarde est une très bonne nouvelle. Les taux vont monter un peu mais pas trop et en fonction de la situation qui ira vraisemblablement du merdique au terriblement merdique, Lagarde fera ce qu’il faut pour que rien ne s’effondre, donc pour les marchés ces annonces stupides sont… une bonne nouvelle !
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !