La modernisation des acteurs des services financiers pâtit du poids d’infrastructures vieillissantes et profondément installées

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Par Ivan Rogissart Publié le 5 juin 2021 à 9h00
Financer Modernisation Infrastructure Service
@shutter - © Economie Matin
84%84% des français réalisent des opérations financières en ligne.

En un an, le secteur des services financiers a fortement accéléré sa mue « digitale » et implémenté de nombreux processus numériques. La pandémie a en effet généré de nombreuses contraintes fortes pour le secteur : la fermeture des agences bancaires, le télétravail généralisé, et pour les consommateurs l'obligation d'utiliser quasi exclusivement les services de paiement numérique en magasin (et en ligne évidemment).

Mais en arrière plan elle a également entraîné une remise en question du modèle d'établissements bancaires physiques, souvent lourds à gérer. Et nombreux sont ceux qui envisagent dorénavant un avenir financier entièrement numérique .

Optimiser les investissements numériques

Malgré toutes les techniques disponibles pour faciliter une telle évolution, le secteur financier voit ses efforts de modernisation freinés par le poids des infrastructures existantes.

Le problème n'est pas un manque de volonté de modernisation, la plupart des établissements financiers en sont même à un stade avancé de leur migration vers le Cloud. Globalement, le secteur des services financiers a beaucoup investi dans la transformation numérique et comprend parfaitement les avantages liés à la migration vers le Cloud. Toutefois, de nombreux directeurs techniques n'ont pas réussi à faire suivre le même chemin à leur infrastructure et aux utilisateurs. Cela signifie, hélas, que quantité d'établissements de services financiers n'ont pas pleinement valorisé leurs investissements dans de nouvelles applications et plateformes Cloud.

Le piège de l'infrastructure hybride

Bon nombre de ces établissements tombent en effet dans le piège d'une infrastructure hybride car celle-ci, même si elle offre une flexibilité intéressante pour s'adapter à certains nouveaux types de services et d'exigences numériques, repose toujours sur d'anciennes bases. Les applications bancaires principales continuent souvent d'être hébergées sur des réseaux mainframe locaux, tandis que les applications et fonctions plus générales, comme les outils de bureautique et d'administration, sont transférées vers le Cloud. De nombreuses banques ont ainsi migré vers Microsoft 365, une solution Cloud qui offre l'agilité requise pour s'adapter à nos nouveaux modes de travail numériques. Cependant, les avantages et les fonctions des nouveaux outils numériques tels que Microsoft 365 sont souvent incompatibles avec les configurations réseaux existantes, et cette incapacité à concilier nouveaux outils et anciens systèmes freine les banques.

La pandémie n'a fait que soulever de nouvelles questions autour du modèle bancaire lui-même. Par exemple, les grands sièges sociaux ont-ils toujours leur place ? Y a-t-il encore une demande de succursales, sachant qu'elles exigent des architectures complexes pour sécuriser l'ensemble du trafic ? Les avis sur ce à quoi pourrait ressembler la succursale du futur vont bon train, mais le secteur doit se rendre à l'évidence : les succursales seront délaissées au profit des services numériques.

Garder une longueur d'avance

Les autres secteurs ne cessent d'innover en optimisant leurs déploiements Cloud, si bien que les consommateurs et les employés s'attendent de plus en plus à une expérience fluide lors de leurs interactions avec un établissement de services financiers.

Le secteur de la finance doit s'inspirer de la transformation numérique d'autres services aux consommateurs, et considérer l'évolution bancaire du point de vue de l'utilisateur plutôt que comme une nécessité centrée sur les processus. Pour les banques, la « transformation numérique » ne se limite plus à la numérisation des chèques. Avec l'émergence de nouvelles options, parmi lesquelles de nombreuses technologies de rupture destinées à transformer les entreprises et processus existants, l'écosystème est nettement plus réactif et davantage orienté utilisateur.

S'il veut s'adapter aux nouveaux modèles économiques, tout en assurant une gestion et un déploiement cohérents de services à distance dans le monde entier, le secteur financier doit plus que jamais faire preuve d'agilité. La capacité des équipes financières géographiquement dispersées à s'adapter au marché est particulièrement importante pour une gestion et un déploiement cohérents de services à l'échelle internationale. De nombreuses banques commercialisent différentes marques pour se démarquer sur les marchés régionaux, et leur modèle opérationnel doit tenir compte de ce paramètre. Non seulement il convient de respecter les réglementations régionales, mais la demande des différents marchés varie sensiblement en fonction des besoins des consommateurs locaux.

Choisir les bons leviers

Face à ces pressions croissantes, exploiter le potentiel du Cloud n'est pas forcément synonyme de refonte complexe et coûteuse de l'infrastructure existante pour les établissements financiers. Il est possible de mettre en place une infrastructure pérenne et flexible, capable de répondre aux exigences pendant et après la pandémie, mais aussi d'offrir une expérience utilisateur optimale, d'augmenter la productivité et d'assurer la continuité d'activité. Une véritable transformation du réseau peut contribuer à réduire les risques et les coûts, sans pour autant nécessiter de lourds remaniements techniques.

De plus en plus populaire dans le secteur financier, l'approche « Zero Trust » est reconnue par beaucoup comme une solution solide. De nombreuses banques continuent de s'appuyer sur l'ancienne approche « périmétrique » de la sécurité des données, qui vise à empêcher les intrusions. Avec le modèle « Zero Trust », l'idée est de ne faire « confiance » à personne et de procéder à des vérifications de sécurité supplémentaires pour autoriser l'accès à des actifs sécurisés.

C'est le rêve de tout directeur technique bancaire : le trafic circule de manière sécurisée sur Internet au lieu de transiter par l'infrastructure informatique de l'entreprise, ce qui élimine les opérations de maintenance dans les succursales bancaires.

Outre une flexibilité accrue et une facilité de maintenance nettement plus grande des succursales, cette approche réduit considérablement les coûts. Le modèle Zero Trust aide par ailleurs les banques à profiter pleinement des avantages des outils Cloud, tels que Microsoft 365, ces derniers étant déployés en toute sécurité via Internet plutôt que sur les systèmes informatiques existants de l'entreprise. Grâce à cette transition, les infrastructures de services financiers allient simplicité et commodité. Une refonte complexe n'est plus nécessaire pour répondre aux principales attentes des clients et leur garantir une expérience numérique aussi fluide et sécurisée, voire plus avancée, que celle proposée dans d'autres secteurs.

S'ils veulent survivre dans notre monde en constante mutation, les services financiers devront évaluer de toute urgence leur capacité à répondre à la demande des clients et à innover rapidement. Ce n'est qu'en tirant réellement parti des avantages promis par l'infrastructure Cloud que le secteur pourra se défaire définitivement de l'emprise de l'infrastructure existante.

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Ivan Rogissart est directeur avant-vente Europe du Sud chez Zscaler.