Suez/Veolia : après l’avis favorable de Bruxelles, l’ombre du PNF

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Par Sarah Merlino Modifié le 17 décembre 2021 à 17h42
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@shutter - © Economie Matin

Dans la longue marche de la fusion Veolia Suez, une nouvelle étape, décisive, vient d’être franchie. Le 14 décembre, la Commission européenne a donné son aval : l’OPA de Veolia est jugée conforme au droit de la concurrence.

L’opération à 13 milliards d’euros devrait finalement pouvoir être conclue dans les prochaines semaines, mais elle doit être assortie de mesures drastiques. En effet, Veolia devra céder notamment la majeure partie des activités de Suez en France dans le domaine de la gestion des déchets et de l’eau ou des déchets dangereux. Selon l’institution européenne, ces cessions, qui représentent moins de 1% du chiffre d’affaires total de Veolia, devraient « éliminer entièrement les problèmes de concurrence relevés. » En revanche, les activités internationales de Suez (notamment aux États-Unis, en Amérique latine, Espagne, Australie ou Royaume-Uni) arriveront bien dans l’escarcelle du groupe d’Antoine Frérot. Ainsi, les effectifs du nouveau « champion mondial du traitement des déchets » devraient passer de 180000 à 250000 salariés, avec un chiffre d’affaires progressant de 26 à 37 milliards d’euros. De son côté, le nouveau Suez représentera 40% de sa superficie actuelle avec 40000 salariés pour un chiffre d’affaires évalué à 7 milliards d’euros.

L'ombre du PNF

Seule subsiste désormais une ombre au tableau susceptible d’entraver l’opération. En effet, depuis le 18 juin, le Parquet national financier enquête sur le rachat suite à une plainte de l’Union syndicale (CGT, CFDT, CFTC), qui revendique 65% de la représentativité chez Suez. L’Union soupçonne que l’OPA aurait été favorisée par des « pressions régulières et répétées pour la faire aboutir. » Plus précisément, les syndicats soupçonnent notamment le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, et des responsables de Veolia et d’Engie, qui avait accepté de céder ses parts dans Suez, de trafic d’influence pour favoriser l’opération. Selon eux, le PDG de Veolia Antoine Frérot, le président du conseil d'administration d'Engie Jean-Pierre Clamadieu et Thierry Déau, PDG du fonds Meridiam actionnaire du "nouveau Suez" se seraient entendus préalablement sur la fusion des deux groupes. Toujours selon les syndicats, plusieurs réunions impliquant le gouvernement auraient favorisé un accord avec Meridiam et « l’intervention à différents niveaux de nombreux acteurs proches du pouvoir (...) mais surtout l’action directe d'Alexis Kohler en octobre 2020 auprès de représentants syndicaux » afin de peser dans la décision d’Engie de céder ses parts dans Suez à Veolia, préalable indispensable à la possibilité d’une prise de pouvoir par Veolia.

L’enquête du Parquet national financier suit donc son cours, mais, à ce jour, aucun juge d’instruction n’a été nommé. Par conséquent, les parties n’ont pas accès au dossier, dont nul ne peut anticiper l’issue, ni même l’échéance. Selon un bon connaisseur du dossier, « tant que le Parquet n’a pas clôturé l’enquête, on ne sait rien. Il est possible que la fusion se fasse avant qu’on ait des éclaircissements sur la réalité juridique des choses, qui pourraient éventuellement invalider la fusion. » Cette action de la dernière chance pour les anti-OPA, au premier rang desquels l’Union syndicale, ne semble pas inquiéter outre mesure la direction de Veolia. Selon Antoine Frérot dans une interview aux Échos datées du 15 décembre, « l’accord de la Commission européenne était en effet la seule condition suspensive que nous avions mise à notre offre publique d'achat sur Suez. L'Autorité des marchés financiers peut donc dès maintenant acter la levée de cette condition, les actionnaires de Suez peuvent apporter leurs titres et la date de clôture être fixée, a priori le 7 janvier. Le règlement-livraison des titres Suez apportés serait alors le 18 janvier, jour où nous deviendrons l'actionnaire majoritaire. »

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