"Ça va bien" dit François Hollande depuis mars 2016. Tout va même très bien : Brexit, conflit social sur la Loi Travail, chute de la Bourse, chômage en hausse... La situation est rose et la France est sur un petit nuage. Tout va tellement bien que les impôts vont baisser en 2017 et que la croissance sera au beau fixe. Du moins, c'est ce qu'a dit le Président Hollande lors d'une interview accordée au journal Les Echos et publiée le 30 juin 2016.
Un petit coup de baguette magique et les impôts baisseront de 2 milliards d'euros
François Hollande prépare déjà sa campagne pour sa réélection et il le fait avec style : lors de son entretien avec les Echos il réitère sa promesse faite en avril 2016 pour laquelle son propre ministre des Finances, Michel Sapin, avait dit "non" : une baisse d'impôts pour les ménages en 2017.
Le Président est même très précis quant à cette promesse : il prévoit un "geste fiscal qui ne pourrait être supérieur à 2 milliards d'euros" et donne les conditions pour ce faire. Des conditions qui, clairement, risquent de ne pas se réaliser.
Pour que les impôts baissent il faudra que :
- La baisse d'impôts ne remette pas en cause la réduction du déficit pour qu'il soit sous les 2,7 % en 2017. Or la Cour des Comptes a, le 29 juin 2016, émis des doutes quant à ce même objectif, estimant que si la France ne fait pas plus d'efforts, elle n'arrivera pas à ce déficit... surtout qu'elle a calculé plus de 3 milliards d'euros de dépenses supplémentaires liées aux divers cadeaux promis par l'exécutif. La Banque de France non plus ne croit pas que le déficit pourra baisser à ce point en 2017 tablant plutôt sur 3 %.
- Que la croissance soit de 1,7 % en 2017 et ce "malgré le Brexit" qui a plombé la Bourse. Malheureusement, il n'y a que le gouvernement pour espérer une telle croissance. Aucune des institutions majeures ne prévoit 1,7 % de croissance pour l'Hexagone en 2017... et leurs prévisions ont été réalisées bien avant le Brexit.
Et pour le reste ?
François Hollande, dans son entretien aux Echos, continue sa campagne électorale en parlant de la Loi Travail, qui crispe les tensions sociales, en précisant que si besoin, le 49.3 sera à nouveau utilisé lors de deuxième passage de la loi à l'Assemblée. La première fois, une motion de censure de la droite avait échoué tandis qu'une motion de censure de la gauche n'avait pas recueilli assez de signatures... qu'en sera-t-il cette fois ?
Concernant le Brexit, il est une opportunité pour la France qui devrait bénéficier de la fuite des entreprises qui voudront délocaliser pour rester dans l'Union Européenne.
Et sur le chômage le Président ne mâche pas ses mots : "Il y a bien une reprise en France et un début d'inversion de la courbe du chômage. C'est un fait indiscutable". Ce n'est pas tout à fait juste, le mois de mai ayant connu une légère hausse du nombre de chômeurs de catégorie A. Mais l'Insee croît que la baisse sera réelle et, rappelons-le, François Hollande a fait de "l'inversion de la courbe du chômage" un argument de campagne en 2012 et... une condition sinequanone pour se représenter en 2017.