Il s’agit d’une revalorisation automatique déclenchée par la hausse de l’inflation. Selon les chiffres publiés mercredi 15 septembre par l’Insee, l’indice des prix à la consommation hors tabac des ménages du premier quintile (c’est-à-dire des premiers 20 % dans l’échelle des rémunérations) a gagné 2,2 % en août par rapport à novembre dernier, mois de référence lors de la dernière revalorisation du smic au 1er janvier 2021. Il avait alors augmenté de 0,99%, soit 15 euros.
Or, selon le Code du travail, une progression d’au moins 2 % doit entraîner une revalorisation du smic au 1er octobre. Actuellement à 1 554,58 euros brut par mois, le smic sera ainsi porté à 1 589,47 euros pour un temps plein, soit une hausse de 34,89 euros, selon les informations de la Direction d’administration centrale des services du Premier ministre. Le smic horaire brut passera quant à lui de 10,25 à 10,48 euros.
Préserver l’emploi des moins qualifiés
Au lendemain de son élection, François Hollande honorait en effet une promesse de campagne en décidant d’une hausse de 2 %, en grande partie par anticipation de la revalorisation légale du 1er janvier suivant, tout en ajoutant un coup de pouce de 0,6 %. Le gouvernement actuel a quant à lui fermé la porte à toute augmentation hors calendrier légal.
Ce qui n’est pas du goût de tout le monde. Rappelant que dix ans ou presque ont passé depuis la dernière revalorisation, Yves Veyrier, le leader de FO, a appelé Jean Castex à aller au-delà. « Si cette augmentation est la plus élevée depuis plusieurs années, elle n’est que le rattrapage de l’inflation », a-t-il tweeté. De son côté, la CFDT affirme ne pouvoir « se satisfaire d’une revalorisation qui ne change pas la situation des travailleurs de deuxième ligne ». Pour le gouvernement, toute hausse exceptionnelle pourrait nuire à l’emploi des moins qualifiés, comme cela a été le cas dans le passé.
Face à la poussée inflationniste des années 1980, François Mitterrand avait trouvé dans le gel des salaires sa meilleure arme. Indexés à l’inflation jusqu’en 1982, ils étaient réhaussés tous les trimestres. Résultat : les prix avaient tendance à augmenter puisque les salaires suivaient automatiquement. « C’est en bloquant les salaires que l’inflation a finalement ralenti », estiment aujourd’hui les spécialistes.
Danger pour l’économie ?
Sur un an, les prix à la consommation ont augmenté de 1,9 %, après + 1,2 % en juillet. Cette hausse est notamment le résultat du rebond des prix des produits manufacturés (+ 1,1 %, après - 1,1 %). L’alimentation (+ 1,3 %, après + 0,9 %), l’énergie (+ 12,7 %, après + 12,3 %) et les services (+ 0,7 %, après + 0,6 %) contribuent également à ce résultat. Pour les spécialistes, « la hausse des prix n’est pas forcément un danger pour l’économie ». De fait, afin d’éviter le spectre de la déflation, les banques centrales visent un taux proche, mais inférieur à 2 %.
Or, le taux d’inflation annuel en zone euro a progressé de 3 % en août, après une augmentation de 2,2 % en juillet et de 1,9 % en juin. Aux Etats-Unis, les prix avaient augmenté de 5,4 % sur un an en juillet, avec une hausse de 41,8 % des prix de l’essence pour les consommateurs américains.