Polémique : une jeune mère se suicide, privée d’allocations

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Par Laure De Charette Modifié le 11 juillet 2016 à 9h43
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@shutter - © Economie Matin
2 %Rien qu'à Paris, 2 % des allocataires APL seraient touchés par la réforme.

Une histoire tragique, qui illustre l’ineptie du système, et suscite l’indignation.

Plusieurs appels au secours

C’est l’histoire d’une maman de deux enfants âgés de 8 et 6 ans, Emilie, qui a mis fin ses jours. Le quotidien La Voix du Nord témoigne du parcours tragique de cette jeune femme de 31 ans, étranglée par les problèmes financiers et plus soutenue par l’Etat, alors qu’elle aurait dû l’être.

En effet, Emilie, qui habitait la ville d’Armentières (Nord), ne percevait plus les allocations de la Caisse d'allocations familiales (CAF) depuis qu'elle touchait une allocation enfant handicapé de la part de la Belgique, pour sa fille trisomique.

Comme l’explique le journal, le papa, dont elle est séparée, étant belge et en activité, la petite fille trisomique d'Emilie scolarisée en Belgique devait percevoir l'allocation belge, prioritaire.

Moins de 400 euros pour vivre

Résultat, la jeune mère de famille s'est retrouvée privée de ses droits aux allocations françaises. Sans RSA, sans APL, Émilie n'avait plus que l'allocation enfant handicapée belge pour vivre, soit 398 euros. Avec deux enfants a charge, dont un handicape !

Emilie a eu beau contacter différents services, dont le centre communal d'action sociale (CCAS) d'Armentières, pour solliciter de l’aide et appeler au secours, cela n’a pas suffi à la tirer d’affaire. Elle a simplement reçu des bons en urgence et un accès à l’épicerie solidaire.

Cette terrible histoire illustre l’ineptie du système. Le système d’aides est souvent reformé en France, dans le but de réaliser des économies. Mais en pensant supprimer des aides à des "riches", on touche par effet de bord des très pauvres.

La Fondation Abbé Pierre vient d’ailleurs de publier un communique de presse expliquant combien la réforme des aides personnelles au logement (APL) était dangereuse. Au-delà d’un certain niveau de loyer, les APL baisseront, voire seront supprimées en cas de loyer très élevé. Or ces aides sont « destinées à aider les ménages à bas revenus à payer leur loyer. Il n’y a pas de coupes indolores dans les APL, puisque ne peuvent y prétendre que des ménages modestes (ceux vivant au SMIC ou en-dessous lorsqu’il s’agit d’une personne seule par exemple). En l’absence d’étude d’impact préalable, il est difficile d’en mesurer toutes les conséquences sociales, mais il est évident que des milliers de personnes en difficulté en feront durement les frais. D’après de premières évaluations, rien qu’à Paris, 2 % des allocataires APL seraient touchés, soit plus de 4 500 ménages : 2 800 verraient leur allocation diminuée et 1 800 perdraient entièrement leurs aides au logement. Plus de 400 de ces victimes sont aujourd’hui allocataires du RSA » explique la fondation.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.