Janet Yellen était l’ancienne grande timonière de la banque centrale américaine puisqu’elle était la présidente de la FED avant d’être remplacée par Jerome Powell. Entre temps elle est devenue Secrétaire au Trésor américain, c’est un peu l’équivalent de notre ministre de l’économie mais en nettement plus gros, nous parlons tout de même des Etats-Unis !
Bref, je me souviens encore de cette émission d’Ecorama où David Jacquot me disait que je ne pouvais pas dire que l’inflation allait être forte et durable alors que Janet Yellen excusez-moi du peu, disait qu’elle serait transitoire et qu’il ne fallait pas s’inquiéter.
Je cite donc avec une certaine gourmandise et une insolence non-dissimulée ce petit passage de cette dépêche de l’agence Reuters (source ici).
« Janet Yellen fait l’objet de vives critiques de la part du camp républicain depuis qu’elle a reconnu s’être « trompée », en déclarant l’an dernier que l’inflation était « transitoire » alors que la hausse des prix a désormais atteint un sommet de 40 ans aux Etats-Unis ».
Pauvre bichette, cela dit, il faut l’excuser. Elle ne dispose que d’une administration de milliers de fonctionnaires et d’analystes sans oublier les moyens sans limite ou presque de l’Etat américain, mais malgré tout cela elle est très désavantagée par rapport à moi, puisque, comme vous le savez, il est de notoriété publique que je dispose de poules de cristal qui permettent de voir l’avenir sans parler de mon chat grisouille et du petit parachute, et toute une aimable ménagerie normande. Alors forcément, la Janet, elle ne peut pas rivaliser avec nos analyses du grenier.
Redevons sérieux.
Les Etats-Unis face à un « niveau d’inflation inacceptable », dit Yellen aux sénateurs
« Les Etats-Unis sont confrontés à un « niveau d’inflation inacceptable » et une orientation budgétaire appropriée est nécessaire pour contribuer à atténuer les pressions inflationnistes sans nuire à l’économie, a déclaré mardi la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen ».
« Nous sommes actuellement confrontés à des défis macroéconomiques, notamment en ce qui concerne le niveau d’inflation inacceptable, les turbulences liées aux perturbations provoquées par la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement et l’impact des perturbations sur l’offre dans les marchés pétroliers et alimentaires résultant de la guerre russe en Ukraine », a-t-elle dit.
Ok Janet, donc je suppose que pour faire baisser l’inflation, nous allons tenter de faire la paix en Ukraine et avec la Russie, que nous allons aider à faire baisser les prix du pétrole en achetant de l’énergie aux Russes et pas mettre d’embargos. Je suppose aussi que nous allons investir pour augmenter les capacités de production et aider nos partenaires comme la Chine à résorber les bouchons d’étranglement liés au Covid et tant qu’on y est revoir les politiques zéro Covid qui posent tout de même question.
En faisant tout cela, l’inflation, sans disparaître, devrait tout de même baisser.
Et bien non.
« Pour atténuer les pressions inflationnistes sans nuire à la vigueur du marché du travail, une orientation budgétaire appropriée est nécessaire pour compléter les actions de politique monétaire de la Réserve fédérale », a-t-elle dit.
Voilà.
Vous savez ce que cela veut dire une orientation budgétaire appropriée ?
Ca veut dire que l’on injecte moins d’argent public dans l’économie et que l’on crée les conditions de la récession.
Une récession liée à la politique monétaire (hausse des taux de la fed et arrêt des injections de liquidités).
Une récession liée à la politique budgétaire (moins de dépenses publiques).
La grande idée américaine, c’est de créer les conditions d’une récession majeure pour écraser la demande.
Ils devraient y arriver assez facilement.
Construire demande des années.
Détruire quelques secondes seulement.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !