Alors que la COP 26 s’achève, force est de constater que les progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies sont difficiles alors qu’ils nécessitent une action urgente. Un effort de collaboration important de la part de la communauté financière mondiale avec le plan d'action de l'ONU est nécessaire pendant une décennie pour faire face aux impacts environnementaux et sociaux alignés sur l'Accord de Paris.
Encore faut-il que le secteur de la finance au sens large puisse s’appuyer sur des données complètes, fiables et sécurisées pour estimer précisément le risque climatique sous divers angles, mais aussi pour judicieusement attribuer et mesurer les investissements.
C’est pourquoi investisseurs, actionnaires et régulateurs exercent une pression croissante en faveur d'une plus grande transparence et cohérence des informations financières liées au climat (indicateurs « Environmental Social Governance » (ESG) dans le but d'améliorer la comparabilité et la connaissance des données provenant des processus opérationnels, de l’identification des clients et de la bonne gestion des fournisseurs approvisionnant les grandes entreprises. Les initiatives pour adopter un cadre commun se multiplient à l’échelle internationale et européenne avec notamment la nouvelle taxonomie des activités vertes de juin 2020 et le règlement « Sustainable Finance Disclosure Regulation » (SFDR) pour harmoniser la publication des informations sur la durabilité des entreprises au sein de l’UE.
Le rôle du financement durable et de ses données
La finance est un facteur essentiel pour mener des actions de lutte contre le changement climatique, en redistribuant d'importants capitaux pour reconstruire des économies meilleures, plus vertes et résilientes. L'augmentation des investissements dans des technologies plus intelligentes et plus propres - telles que les énergies renouvelables, les véhicules électriques, les bâtiments économes en énergie et les infrastructures durables - et le retrait des investissements à forte intensité de carbone - tels que les combustibles et carburants fossiles - peuvent réduire considérablement les émissions de carbone.
Hélas, l'évaluation du risque climatique n'est pas aussi simple ou directe. La finance et les entreprises se trouvent confrontées à de vrais problèmes de disponibilité et de qualité des données climatiques, de méthodologies variées et de systèmes limités pour saisir les données climatiques pertinentes et permettre l'analyse précise de l'impact financier. Parmi les autres difficultés, citons le suivi encore trop récent des performances ESG des entreprises et des fonds d’investissement, l'application inégale des normes et le manque de cohérence des mesures et des critères de référence en matière de reporting sur le développement durable.
L’analyse des risques climatiques, la due diligence et la résilience climatique
Or, d’un côté les financiers sont chargés de préserver et de soutenir les intérêts des entreprises, et de l’autre, ils doivent minimiser l’exposition des risques liés au climat, définir et mettre en œuvre une stratégie financière visant à réduire les émissions de carbone. Ce travail nécessite d’énormes sources de données, des outils performants et des compétences adéquates pour obtenir des informations exploitables rapidement. Les acteurs de la finance rencontrent encore des difficultés pour traduire les données en informations significatives et ne sont pas en mesure de fournir l'analyse précise nécessaire pour soutenir la prise de décision en temps quasi réel, comme nous l’avons tous observé lors de l’arrivée de la crise COVID-19.
Les plateformes cloud innovantes et sécurisées dotées de processus métier enrichis d’intelligence artificielle (IA) vont contribuer à résoudre une grande partie de ces problèmes en garantissant la gestion bout en bout du cycle de vie des données, l’intégration et la collaboration entre tous les acteurs de la chaîne de valeur avec la blockchain1 notamment.
L’engouement des banques et investisseurs pour ces nouvelles plateformes va permettre aux systèmes financiers d’automatiser les processus complexes, de fiabiliser la saisie de données provenant de multiples sources, l'analyse, le suivi et la communication des données ESG. En retour, les entreprises pourront rapidement mettre à l'échelle des solutions innovantes créant ainsi de nouvelles opportunités pour lutter contre le changement climatique dans des délais accélérés.
Des places de marché numériques pour financer les énergies renouvelables et les infrastructures
Des investissements dans les infrastructures d'un montant de 6 900 milliards de dollars par an sont nécessaires pour répondre aux besoins mondiaux en matière de développement d'ici à 2030 (source : OCDE2) ; les pays en développement représentant la majorité de ces investissements. Ces infrastructures doivent être conçues, construites et exploitées de manière durable afin de garantir un avenir net zéro pour le monde et la résilience au changement climatique. Pour atteindre cet objectif, il faut adopter une approche ouverte et collaborative du partage des données et de l'innovation à partir de sources de données de confiance, grâce à ces plateformes technologiques sécurisées mais aussi ouvertes à l’écosystème.
Pour des projets aussi petits que des panneaux solaires de toiture communautaires et aussi grands que des projets d'infrastructure internationaux à grande échelle, le financement durable est un défi que les nouvelles plateformes numériques peuvent aider à relever. Celles-ci contribueront grandement à améliorer l'efficacité des processus et la connaissance des données, réduisant les risques et les complexités dans la chaîne de valeur, tout en créant des avantages et une valeur ajoutée équitables pour toutes les parties prenantes.
L’intelligence artificielle et l’exploitation des données comme levier essentiel
La technologie va également créer de nouvelles places de marché numériques pour mobiliser les investissements durables qui mettent en relation les entrepreneurs climatiques et les financements, les investissements institutionnels avec des projets mieux structurés, et pour faciliter le financement public et privé des infrastructures réellement durables. Ces types de plateformes numériques de bout en bout permettent d’accélérer les processus métier, de transformer la documentation papier en données numériques, et de dynamiser les flux d'affaires et la collaboration entre les partenaires de l’écosystème, avec une transparence accrue.
Un exemple récent de ce type de plateforme numérique est la collaboration de Raise Green avec IBM Consulting. Ensemble, Raise Green et IBM ont développé une solution logicielle conçue pour permettre aux entrepreneurs, quels que soient leur expérience ou leurs revenus, de créer leur propre entreprise d'énergie solaire. L'Originator Engine est une plateforme numérique qui met en relation les clients, les investisseurs et les partenaires de l'écosystème afin de faciliter le processus d'obtention d'investissements financiers pour les nouvelles entreprises du secteur de l'énergie solaire. La nouvelle plateforme numérique a été déployée à l'aide de Red Hat OpenShift sur IBM Cloud, et permet à Raise Green de disposer de la flexibilité nécessaire pour faire évoluer la plateforme au fur et à mesure de sa croissance et de son expansion dans des domaines autres que le solaire.
Mieux développer les compétences pour élaborer une politique de financement durable
L’évolution accrue au niveau mondial des différentes normes de durabilité et leurs nombreux référentiels constituent un défi pour les ressources humaines de la finance. Elle souligne la nécessité pour les financiers d'accroître constamment leurs compétences et leurs programmes de formation afin d'apporter des changements en profondeur et à long terme pour construire des économies vertes plus propres et résilientes.
La technologie va là aussi contribuer à un meilleur accès à l’information en partageant les changements en temps réel des dernières évolutions politiques et réglementaires mondiales en matière de finance durable avec une haute précision des analyses climatiques. En formant les professionnels de la finance à mieux appréhender les nouveaux outils technologiques, en combinant leur savoir-faire avec l'analyse automatique des nouveaux types d'information pour mieux comprendre les impacts ESG et les normes de durabilité, l’ensemble du secteur financier renforcera ses capacités au sens large afin d'améliorer la cohérence dans la prise de décision et le reporting qui devra s'aligner sur les nouveaux standards SFDR.
Seul un investissement technique et humain massif dans le développement et la maîtrise des technologies Data, IA, Cloud et Blockchain permettra de réussir cette transition climatique.
Ainsi les financiers mondiaux auront en main les méthodes et les outils pour accélérer l'action et les progrès vers les objectifs de durabilité en mobilisant les investissements, en quantifiant les risques liés au changement climatique, en digitalisant le marché du financement des infrastructures durables et en dotant les professionnels de la finance des compétences et des outils numériques nécessaires à un avenir durable.