L’Europe rattrape son retard

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Par Peter van der Welle Publié le 18 juin 2021 à 13h44
Attestation Vaccination Covid19 Certifiee Tousanticovid
@shutter - © Economie Matin
50%Environ 50% de la population allemande a reçu une première dose du vaccin contre la Covid.

Le succès des campagnes de vaccination va permettre à la reprise économique européenne de rattraper les États-Unis et la Chine.

En Europe, près de la moitié des adultes ont reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid, les taux de contamination ont considérablement baissé et les mesures de confinement sont progressivement levées.

Après une récession en W qui a pris fin au premier trimestre de cette année, l’Europe rattrape à présent son retard par rapport à la Chine et aux États-Unis, où la reprise a déjà eu lieu.

Les taux de vaccination restent légèrement inférieurs à ceux des États-Unis et du Royaume-Uni, mais l’écart diminue : environ 50 % de la population allemande a désormais reçu une première dose, et l’on s’approche des 40 % en France et aux Pays-Bas.

Le premier bénéfice a été une reprise de la mobilité, permise par l’assouplissement des mesures de restriction dans les économies, en particulier en Europe.

L’économie de service s’en trouve évidemment stimulée. Cela se reflète dans les indices de confiance des producteurs, tant dans le secteur des services que dans celui des biens. Certains de ces indices sont à leur plus haut niveau depuis 15 ans, et même depuis 17 ans en ce qui concerne les services. Tout cela est très prometteur pour la croissance du PIB au second semestre.

Taux de vaccination dans l’UE par rapport au Royaume-Uni et aux États-Unis. Source : Refinitiv Datastream

Trois facteurs clés

Trois grands facteurs justifient l’optimisme concernant la croissance européenne. Le premier, et le plus important, est que les niveaux d’épargne en Europe sont actuellement très élevés, et que les consommateurs seront très incités à dépenser ces liquidités lorsque le succès de la vaccination permettra une réouverture plus large des économies au second semestre.

En Allemagne, le taux d’épargne personnelle (pourcentage de revenu économisé) était de 20 % au premier trimestre, un record historique. Il y a donc fort à parier que les gens auront vraiment envie de dépenser dans des services tels que les voyages lorsqu’ils pourront le faire au second semestre, et que cette libération de l’épargne va s’accélérer à moyen terme.

Le ratio d’épargne des ménages allemands s’est envolé durant la pandémie. Source : Refinitiv Datastream, Robeco

Le deuxième facteur est que les mesures de relance budgétaire dans la zone euro seront maintenues un peu plus longtemps, le feu vert ayant été donné pour le plan de relance européen de 750 milliards d’euros, qui prendra la forme de prêts et de subventions jusqu’à 2026 environ.

Le remplacement des aides d’urgence par des mesures plus ciblées soutiendra le PIB dans les pays périphériques. En maintenant plus longtemps les taux d’intérêt réels à des taux historiquement bas, la BCE restera un soutien budgétaire fiable pour une reprise totale.

Pas de mur budgétaire

Les membres du directoire de la BCE ont récemment insisté sur l’importance d’éviter le mur budgétaire dans la zone euro, et sur le fait que les mesures de soutien monétaire comme budgétaire doivent donc rester en vigueur pour le moment. La reprise reste incomplète du point de vue du PIB, car dans la zone euro elle est toujours inférieure de 4 points par rapport à 2019.

Compte tenu d’un écart de production relativement important, les pressions sur l’inflation sous-jacente devraient rester modérées par rapport aux États-Unis. Cela justifie une politique monétaire accommodante en plus des achats d’urgence entrepris par la BCE sur les marchés financiers.

En écho à ce sentiment, la Commission européenne a reporté à début 2023 l’entrée en vigueur des critères de la dette définis selon Maastricht. Ainsi, les pays bénéficient aussi d’une plus grande de manoeuvre budgétaire à cet égard.

Opposition politique à l’austérité

À cela s’ajoute une dimension politique, dans la mesure où les partis de gauche et d’extrême gauche devraient gagner du terrain en Europe, en réaction notamment au creusement des inégalités de revenus provoqué par la pandémie. Par conséquent, tout plan d’austérité risque de se heurter à une plus grande opposition à l’avenir.

Compte tenu de la montée des partis de gauche, les mesures d’austérité budgétaire auront du mal à gagner du terrain, contrairement à ce qui s’était produit après la crise de la zone euro en 2011.

En Allemagne, les élections prévues en septembre devraient profiter aux Verts, tandis, qu’aux Pays-Bas, les négociations actuellement menées pour former un gouvernement de coalition penchent légèrement à gauche également.

Croissance du commerce mondial

Le troisième élément est le fait que les échanges mondiaux ont déjà retrouvé leur niveau normal, ce qui favorisera l’économie européenne. La zone euro étant en grande partie une économie ouverte, elle est très sensible à l’activité commerciale mondiale, en particulier celle de la Chine.

Bien que le "credit impulse" chinois suggère que la demande d’importations chinoises pourrait ralentir en fin d’année, l’indice de confiance du secteur manufacturier chinois continue de signaler une expansion continue.

En outre, nous pourrions également observer des répercussions positives des plans massifs de relance budgétaire et monétaire aux États-Unis, à mesure que le consommateur américain se tournera vers les biens et les services européens.

Conclusion, le principal moteur de la reprise sera une forte croissance induite par la consommation et les exportations, en particulier dans le secteur des services, favorisée par le ton accommodant de la BCE et de la Commission européenne en matière de règles budgétaires. Cela conforte notre scénario de base, à savoir un environnement d’expansion économique continue et de pressions inflationnistes accrues.

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Peter van der Welle est stratégiste au sein de l'équipe Multi-asset de ROBECO.