Le tout premier est la percée prévue de la Nupes. Cette coalition fabriquée au sortir des élections présidentielles de mai dernier et qui pouvait apparaître comme un fourre-tout tant les protagonistes sont divers, parfois complètement aux antipodes idéologiquement, a réussi son premier tour.
Bien portés par une dynamique de campagne relayée par les médias, les candidats Nupes ont semblé être plus portés par leur étiquette d’opposant à Emmanuel Macron que par leur propre implantation locale ou leur parti d’origine. Ce qui n’est pas sans rappeler la vague En Marche de 2017, vague au casting très approximatif parfois, mais dont le nom EM suffisait au candidat pour être élu !
Le second enseignement, ça devient du trop grand classique désormais, c’est l’abstention. Pour quel motif ? Déjà les électeurs n’ont pas été passionnés par cette échéance. Peut-être ne se sont-ils encore une fois pas retrouvés dans l’offre politique proposée ? Ce dernier point reste sujet à caution, car avec 6293 candidats sur 577 circonscriptions, dire que le choix n’y est pas, c’est aussi hypocrite que déclarer ne pas avoir bu au gendarme en sortant d’une soirée apéro-repas festif ! Bien sûr il y a un second tour dimanche, mais rien ne laisse présager avec des duels une plus grande mobilisation de l’électorat.
Le troisième point est donc que les projections en sièges à l’assemblée nationale donneraient une majorité que relative au président élu. Ce en quoi le scénario de 1988 aurait l’air de se répéter. A la différence que l’usage de l’article 49-3 qu’avait utilisé le gouvernement Rocard à l’époque a fortement été encadré. Ainsi si le résultat de dimanche se confirmait, le président devra composer avec une partie minoritaire de la nouvelle assemblée. En faisant ainsi des « faiseurs de rois ». Doit-on s’attendre à un gouvernement d’ouverture ? Et si oui donc….avec qui ? Car non seulement le parlement verrait son rôle mis en avant, dans ce scenario, mais il faut ne pas oublier un dernier point qui n’a rien de politique, quoique constitutionnel : c’est le second mandat et dernier consécutif du président Macron ! Qui pourrait prendre le risque de gouverner avec sachant qu’il ne se représentera pas….autrement dit qui va prendre le risque de se griller pour 2027 et après ? Certains parient sur les LR….mais ce serait signer leur arrêt de mort, déjà que le parti est en coma presqu’artificiel. Le casse-tête est sur la table.
Enfin et pas des moindres des leçons à retenir, la propension de EM devenu LaRem à ne pas avoir voulu s’implanter sur le territoire. Qu’il s’agisse des élections municipales, départementales, régionales et donc sénatoriales, le parti présidentiel, à obsolescence programmée : 10 ans maximum ( 2 mandats élyséens au plus), semble avoir négligé et payer aujourd’hui son manque total d’incarnation sur le territoire. Certains pourront expliquer que le parti est jeune, il n’empêche, cela se ressent fortement lors de ce premier tour. Et plus largement dans le paysage politique hexagonal, l’emprunte locale a été plébiscitée ; pour exemple Aurélien Pradié , porte-parole de Valérie Pécresse, dont la championne totalisait 5% en avril dernier, sort à 45% deux mois plus tard ! Ainsi ce défaut « jupiterien » ou de « jacobinisme aigu » plus qu’entrevu durant le début du premier mandat d’Emmanuel Macron (prise de bec à l’Association des Maires de France, vouloir se passer des corps intermédiaires) devient aujourd’hui le talon d’Achille de ce début de quinquennat.
Alors dimanche prochain vers 22h30 quel scénario verront nous apparaître ? Nul ne sait : une semaine de campagne c’est court, intense et donc incertain. Bon match à tous !