Si le taux de chômage a reculé en France au cours des dernières années, un point noir demeure par rapport à nos voisins européens : la faiblesse du taux d’emploi des seniors (55-64 ans). L’âge de départ à la retraite n’est pas seul en cause. Les politiques de départ anticipées et le manque de formation ont contribué à rejeter hors de l’emploi une partie de cette catégorie d’actifs. Un point faible pour l’économie française.
L’emploi a dépassé en France son niveau d’avant la pandémie, ce qui n’est pas le cas de l’Allemagne, ni de l’Italie, ni de la moyenne de la zone Euro. Cette dynamique positive ne doit pas occulter les faiblesses structurelles de l’emploi en France par rapport à ses voisins. L’emploi du cœur de la population active constitué des 25 – 54 ans affiche des performances proches de la moyenne de la zone Euro. Cette faiblesse se concentre sur les deux classes d’âge extrêmes. La situation était en train de s’améliorer pour les jeunes (15 – 24 ans), notamment en raison des mesures déployées par le gouvernement. Mais qu’en est-il des plus âgés (55 – 64 ans) ? L’analyse des trois indicateurs clés (taux d’activité, taux d’emploi et taux de chômage) des seniors apporte quelques éléments de réponse.
A la fin du 3ème trimestre 2021, seulement 6,3% des seniors de 55 à 64 ans étaient au chômage en France, contre 8,1% des 15-64 ans (en % de la population active, données INSEE selon la définition du BIT). Ce taux de chômage se situait au même niveau qu’au dernier trimestre 2019, avant la pandémie. Le taux de chômage des seniors dans l’ensemble des pays de la zone Euro ressort à 6,1% et à 2,9% en Allemagne. Sur la même période, le taux d’emploi des personnes âgées entre 55 et 64 ans a atteint 56,2% (rapport entre le nombre d’actifs disposant d’un emploi et la population en âge de travailler dans cette tranche d’âge, données CVS, en moyenne trimestrielle). En Allemagne, 72,3% des seniors dans cette tranche d’âge avaient un emploi. La moyenne de la zone Euro était de 61,3%. Le taux d’emploi des 60 – 64 ans en France chute même à 33,1%, l’un des plus faibles en Europe.
Enfin, le taux d’activité (actifs employés et chômeurs / personnes en âge de travailler) des 55 - 64 ans, dont les fluctuations sont bien sûr liées à celles du taux d’emploi, s’est redressé depuis le milieu des années 1990 en raison du recul de l’âge de départ à la retraite. Au troisième trimestre 2021, en France, 59,8% des personnes âgées de cette classe d’âge étaient actives. Ce taux d’activité s’élevait pour la zone Euro à 65,3%. L’Allemagne, avec un taux d’activité de 74,7%, fait encore une fois nettement mieux.
Un âge moyen de sortie du marché du travail (60,8 ans) le second plus bas de l’OCDE
Ce décalage persistant entre la France et ses voisins, en particulier l’Allemagne, s’explique. Les politiques trop répandues des départs anticipées, un âge légal de départ à la retraite moins élevé que chez nos voisins et l’insuffisance des efforts de formation se conjuguent pour expliquer, en partie, ce sous-emploi des seniors en France. L’âge effectif moyen de sortie du marché du travail (60,8 ans) est le second plus bas de l’OCDE après le Luxembourg. Pour accroître l’employabilité des seniors, il faudrait, selon l’OCDE, agir sur les conditions de travail et la formation et faire évoluer les mentalités, tant du côté des salariés eux-mêmes que des entreprises qui ont encore trop tendance à écarter de l’emploi cette catégorie de la population active, pourtant riche de son expérience accumulée. L’amélioration de l’emploi des seniors constitue ainsi un gisement de croissance pour le moment sous exploité.