Les animaux de compagnies sont plus que jamais au coeur de la vie des Français : il n’y a jamais eu autant d’animaux de compagnie en France, car aujourd’hui 1 foyer sur 2 possède un animal de compagnie selon le Ministère de l’Agriculture. De plus, comme le montrent les sondages, le bien-être animal est plus que jamais au cœur des préoccupations des Français, et leurs attentes en termes de soins vétérinaires se sont accrues.
En parallèle, la profession vétérinaire, riche de 20 000 vétérinaires en France, est en pleine mutation du fait des progrès de la médecine vétérinaire, des formalités administratives toujours plus nombreuses pour la gestion des cliniques, et des aspirations de la nouvelle génération de professionnels. Face à ces défis, les vétérinaires ont développé différentes réponses pour faire évoluer leurs pratiques, notamment en se regroupant au sein de réseaux de cliniques afin de mutualiser leurs moyens et de partager leurs expériences entre professionnels, dans le strict respect de leur indépendance professionnelle. Ces regroupements présentent de nombreux avantages pour les professionnels, au bénéfice des propriétaires d’animaux : soutien en matière d’investissements dans des équipements de pointe, opportunités de formation, coordination pour les urgences et gardes de nuit, etc.
L’Ordre National des Vétérinaires rejette cette évolution des pratiques de manière dogmatique et y a apporté une réponse brutale en prononçant la radiation de plusieurs dizaines de cliniques ayant fait le choix de rejoindre ces réseaux. Cette attitude fait courir un risque en matière d’offre de soins vétérinaires sur tout le territoire, et notamment en zones rurales et est en totale contradiction avec la mission de lutte contre la désertification vétérinaire confiée à l’Ordre National des Vétérinaires par le Ministère de l’Agriculture.
En 2022, le cadre d'exercice de la profession doit évoluer.
Dans le respect du cadre d’exercice libéral de la profession vétérinaire, garant de l’indépendance professionnelle, de nombreux vétérinaires ont décidé de se regrouper au sein de groupes vétérinaires. Ces groupes constituent l’une des réponses possibles aux enjeux auxquels les vétérinaires sont confrontés, tout en améliorant l’offre de soins proposée aux propriétaires d’animaux, grâce à :
• Un soutien en matière d’investissements afin d’équiper les cliniques avec du matériel médical dernier cri, pour pouvoir faire des diagnostics plus précis et dispenser de meilleurs traitements (scanner, IRM, radiothérapie…)
• L’accès à une grande variété d’expertises médicales au sein d’un même réseau, le partage d’expérience et la formation continue des équipes pour progresser collectivement en matière de médecine animale et d’accueil des clients
• Une taille suffisante afin de mettre en oeuvre des engagements sociaux et environnementaux avec un impact significatif au niveau des cliniques (prise en charge partielle d’actes médicaux coûteux pour les foyers à bas revenus, recours à des fournisseurs d’énergie verte, bien-être au travail, etc.)
• Une coordination en matière de traitement des urgences et de gardes de nuit afin de permettre à tous les animaux d’être pris en charge à tout moment, partout en France
• La reprise et l’intégration de cliniques isolées au sein de réseaux afin de lutter contre l’isolement professionnel et la désertification médicale, notamment en zones rurales
• Une meilleure reconnaissance du rôle des auxiliaires de santé vétérinaire (ASV), en leur confiant des missions complémentaires (gestion de projets, support RH, etc.)
• Des opportunités de mobilité professionnelle au sein d’un même réseau, partout en France, facteur d'attractivité pour les jeunes vétérinaire
• Un accompagnement par des professionnels en matière de recrutement et de gestion des ressources humaines pour gagner en efficacité sur un marché en très grande tension
• La mutualisation et la délégation des fonctions administratives afin de libérer du temps pour les vétérinaires et leur permettre de se consacrer plus pleinement à leur mission de santé.
Pour autant, à cause d’une vision conservatrice de la profession vétérinaire et d’une interprétation de la loi française en contradiction avec le cadre européen, certains centres hospitaliers vétérinaires et cliniques vétérinaires de proximité ayant rejoint des groupes sont aujourd’hui menacés de radiation par les autorités ordinales. Pourtant, ce phénomène de regroupement de vétérinaires, qu’on observe partout en Europe, n’a pas posé de problème similaire chez nos voisins.
Pour éviter d’affaiblir encore l’offre de soins vétérinaires en France et redonner toute son attractivité au métier de vétérinaire, le cadre d’exercice de la profession doit être mis en conformité avec le cadre européen et évoluer, de manière concertée, dans le respect des opinions de chacun, de leurs aspirations et des enjeux sociétaux auxquels la profession doit répondre.