Des débouchés impressionnants, une image réhabilitée, un coût matière compétitif… mais un statu quo juridique pesant et une concurrence qui s’intensifie. Le cannabidiol, substance non psychotrope extraite du chanvre cultivé, évolue dans un macroenvironnement très particulier. Décryptage…
Le marché français du CBD collectionne les bons points
Les entrepreneurs et autres porteurs de projets qui souhaitent se lancer dans le CBD en tant que détaillants, semi-grossistes ou grossistes bénéficieront d’un macroenvironnement relativement favorable.
#1 Les débouchés ne manquent pas
La France compte plus de 7 millions de consommateurs réguliers ou occasionnels de produits à base de cannabidiol. C’est en tout cas ce qui ressort du dernier rapport de l’Interprofession des métiers du chanvre (Interchanvre), dont les chiffres ont été relayés par le très sérieux média LSA Conso. Les débouchés sont impressionnants et devraient continuer de croître à la faveur de la réhabilitation de l’image du cannabidiol… ce qui nous amène au point suivant.
#2 Le CBD se déleste des idées reçues
A mesure que les études scientifiques livrent leurs résultats, le cannabidiol voit son image progressivement réhabilitée. En effet, la mise en évidence de ses vertus anti-inflammatoires, antalgiques et relaxantes a largement contribué à la prise de conscience du grand public. Citons également le communiqué du Comité Scientifique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui explique que le CBD « ne présente pas de potentiel d’abus et n’est pas nocif pour la santé ».
L’arrivée sur le marché d’enseignes d’envergure nationale et bénéficiant d’un capital confiance important participe également à cette réhabilitation. Carrefour a en effet signé des partenariats avec des marques françaises proposant des produits de CBD, et Monoprix a ouvert 250 espaces CBD partout en France. L’enseigne multiplie d’ailleurs les campagnes de communication autour de sa gamme. Elle a récemment fait circuler un CBD Truck dans la capitale et en Île-de-France pour rassurer les consommateurs sur l’absence de tout effet psychotrope ou addictif.
Aux Etats-Unis, le cannabidiol bénéficie de « VRP » très influents, notamment du côté des sportifs de haut niveau. Citons notamment Megan Rapinoe, Mike Tyson, John Isner ou encore Alex Morgan. Le monde du sport professionnel ouvre d’ailleurs les portes du sponsoring aux grandes marques de produits de CBD. C’est par exemple le cas de l’UFC.
#3 Le coût matière est relativement compétitif
La France concentre 60 % de la production de chanvre cultivé, matière première de laquelle est extrait le cannabidiol. Ce constat se traduit par une disponibilité de la matière toute l’année mais aussi par un coût relativement compétitif. Les grossistes, semi-grossistes et détaillants peuvent donc s’approvisionner en toute sérénité et proposer des prix de vente intéressants. C’est un point important dans la mesure où le choix d’un grossiste en CBD sera déterminant quant au succès de votre entreprise.
#4 Les industriels ont opéré une belle diversification de l’offre
Il fut un temps où le cannabidiol se présentait exclusivement sous forme de feuille ou de fleur, des conditionnements peu « ludiques ». Aujourd’hui, les détaillants peuvent proposer des huiles de massage, des e-liquides pour cigarette électronique, des chewing-gums, des cookies, du chocolat noir, des thés et boissons énergisantes à base de cannabidiol, augmentant ainsi le panier moyen de leurs clients. Ils peuvent également s’ouvrir sur de nouveaux segments de clients et doper leur performance commerciale.
Investir dans le CBD : le statu quo juridique et l’intensité concurrentielle
Les entrepreneurs qui souhaitent investir dans le CBD doivent prendre en considération des menaces qui peuvent mettre à mal leur projet.
#1 L’incertitude juridique, une épée de Damoclès
Le 31 décembre 2021, un arrêté ministériel était venu perturber le marché déjà volatile du CBD. Un communiqué laconique avait en effet interdit les fleurs et feuilles de CBD pur, provoquant l’ire des professionnels. Cette décision sera temporairement suspendue quelques jours plus tard par le Conseil d’Etat. Aujourd’hui, c’est le statu quo qui prévaut, dans l’attente d’une décision définitive de la part du Conseil d’Etat.
#2 La réticence des banques
Cette incertitude juridique complique le financement des projets de CBD, les banques étant particulièrement réticentes à débloquer des fonds dans un marché pourtant parfaitement légal. Les porteurs de projet doivent donc solliciter des banques étrangères pour financer leur projet.
#3 L’intensité concurrentielle
Le nombre de boutiques spécialisées dans les produits de CBD est passé de 400 en 2020 à plus de 2 500 en 2022, soit une croissance de plus de 600 %. Certes, le marché est loin d’être saturé, mais la concurrence s’intensifie, à fortiori avec l’arrivée des grands noms de la grande distribution comme Carrefour et Monoprix.