Commerce International : Comment le Brexit a transformé les échanges avec l’Union Européenne ?

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Par Arnaud Doly Publié le 18 janvier 2022 à 6h14
Ecosse Independance Brexit 2
@shutter - © Economie Matin
6,5%La croissance au Royaume-Uni devrait atteindre 6,5% en 2021.

Actif depuis le 1er janvier 2021, le Brexit va bientôt fêter ses un an. Véritable cas d’école pour les pays de l’Union Européenne, cet anniversaire est l’occasion de voir si les acteurs du commerce international ont pu s’y adapter, comment le marché a évolué et comment cette décision politique va devoir contraindre le Royaume-Uni à imaginer un nouveau modèle pour émerger dans cet écosystème malgré de nouvelles règles.

Un bouleversement pour les entreprises qui commercent avec l’Angleterre

Habitués à vendre ou acheter comme avec la plupart des pays de l’Union Européenne, les entreprises continentales ont découvert depuis 12 mois de nouvelles contraintes avec le Brexit. Fini l’époque où la simplicité de commercer régnait avec comme seule condition le changement du n° de TVA. Désormais, les 200 000 entreprises françaises qui avaient l’habitude d’échanger avec l’île doivent supporter des tarifs douaniers en espérant avoir correctement rempli les dizaines de papiers administratifs pour éviter des coûts supplémentaires s’amoncelant quotidiennement. Parmi les entreprises d’import-export, nombreuses sont celles qui faute d’anticipation ou de moyens pour se consacrer entièrement à ce pays ont préféré arrêter le commerce avec cette zone : les documents administratifs spécifiques pour faire transiter des marchandises vers l’île nécessitent d’y allouer du temps ou de recruter des personnes entièrement dédiées à ce marché.

Sur le terrain, les transporteurs pâtissent d’une attente plus longue aux abords de l’Eurotunnel et plus globalement au niveau des services douaniers. En conséquence, de nombreuses entreprises françaises ou européennes ont préféré arrêter leurs échanges commerciaux avec le Royaume-Uni alors que les contrôles douaniers ne sont pas aussi automatiques et strictes que prévu par l’accord du Brexit signé avec l’Union Européenne.

Le Royaume-Uni plus isolé que jamais

Le Brexit aurait pu avoir le mérite de renforcer ou orienter majoritairement le commerce du Royaume-Uni avec les autres pays du Commonwealth. Force est de constater que des pays comme le Canada sont plus dans un processus d’émancipation vis-à-vis du royaume et ne sont pas leurs voisins immédiats. Les échanges ne sont pas aussi simples qu’avec le vieux continent. Surtout, certains métiers essentiels dans le maillage du commerce international manquent. Le Brexit a provoqué le départ de nombreux travailleurs européens vers leurs pays respectifs. On estime que des dizaines de milliers de travailleurs français sont rentrés chez eux et c’est sans compter sur les autres nationalités, tous métiers confondus qui ont quitté l’île. Il en ressort que sur toute la chaîne d’approvisionnement - les métiers des transports et de la logistique en particulier – on observe une pénurie de main d’œuvre ; une situation dramatique notamment pour livrer les colis ou les matières premières aux Britanniques et aux entreprises. La crise du pétrole comme celle des conteneurs ayant multiplié les prix par cinq en un an et demi n’ont rien arrangé à la situation.

Un avenir à imaginer pour se rapprocher de ses anciens partenaires

Les Anglais ne sont pas encore dans un Full Brexit vu que les contrôles douaniers ne sont pas drastiques mais ils n’ont pas intérêt à durcir les mesures. Au contraire, le Royaume-Uni a tout intérêt à revoir leurs positions par rapport aux traités signés avec l’Union Européenne pour maintenir des relations commerciales plus fluides avec les entreprises d’import-export présentes sur le continent européen mais freinées dans leurs activités par le Brexit. Il en va de même pour les fleurons anglais souhaitant maintenir leur fonctionnement avec le marché européen.

Par ailleurs, même si le travail est déjà initié par les différentes fédérations, les entreprises françaises ont besoin d’être accompagnées et formées sur les papiers administratifs à remplir, selon les caractéristiques des produits qu’elles importent ou exportent vers le Royaume-Uni.

Enfin, pour fluidifier la chaine d’approvisionnement malgré la pénurie de talents, l’Angleterre a tout intérêt à digitaliser un maximum de processus à commencer par les documents administratifs pour simplifier les déclarations aux services de douanes à l’image des Border Pass. Ce processus de digitalisation à travers cette initiative ou avec la création d’un assistant digital ne va certes pas compenser entièrement la carence de talents mais il permettra de ré-équilibrer la balance. En effet, certains métiers impliquent une présence sur place comme les opérateurs de portique ou les livreurs.

Quoiqu’il en soit, en se tournant vers le digital, le Royaume-Uni pourrait se démarquer des autres pays européens, se positionner en pionnier sur le sujet grâce à ses nombreuses startups pouvant l’aider à prendre ce virage et ainsi attirer à nouveau les entreprises européennes, freinées par les questions administratives.

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CEO de Nabu