Après les élections, une minorité plus importante que les autres prend la majorité. L’Exécutif, le gouvernement et les parlementaires en place promettent de s’attacher à rassembler les Français. La non-représentativité d’une majorité des citoyens parachève le tableau. C’est un système électoral dépassé qui le veut…
En accentuant les divisions, ce système entretient les conflits. Est-ce que l’opinion s’en rend compte ? Elle s’en contente avec un « chacun pour soi », qui prend le dessus sur toute idée de rassemblement. Parler de « France », c’est délicat. Oser parler de Nation, c’est passible de sanction ! Dans tous les cas les politiques, majorité et opposition, s’en accommodent, protégés par l’idée européenne.
Le contexte actuel confirme ces fractures
Dans cette France divisée, en près d’un demi-siècle, la métamorphose est complète. La désindustrialisation liée à la globalisation de l’économie et à un libéralisme sans frontières a changé les références au passé. Qui s’en est réellement rendu compte ? Personne. Ou on a fait mine de l’ignorer. Gilets jaunes, Covid-19, reprise difficile, guerre en Ukraine, crise de l’énergie et des matières premières vont remettre ces souhaits qui en ignorant le passé, se permettent de parler d’avenir avec une Europe qui emprunte le même chemin de la division. La maîtrise d’une immigration, mal maîtriser aggravent la situation.
Comprendre l’origine de cette détérioration ?
Sans remonter trop loin, il y a plus de 30 ans, à la fin des années 80, le véritable début de la mondialisation (réunification de l’Allemagne, chute du mur de Berlin, traité de Maastricht et naissance de l’Union européenne) va entraîner et confirmer une forte désindustrialisation qui va être pénalisante. Elle sera progressive jusqu’à l’arrivée en 2000 de l’euro, puis deviendra irréversible.
La France a dû s’accommoder d’un découpage prononcé lié au changement de la nature de l’activité et aux revenus sous contrôle. On distingue la classe populaire (en hausse), la classe moyenne (en baisse) et la classe supérieure (qui augmente). Une politique générale d’adaptabilité des responsabilités en fonction de la demande s’est mise en place progressivement. Si on écarte simplement le problème pour les indépendants et les professions libérales, pour les « grands ensembles », la qualification de cadre et de cadre supérieur s’impose jusqu’à un certain niveau. Le nombre de cadres ou assimilés a augmenté de 10 à 15% en 20 ans, alors que celui des cadres supérieurs a plus que doublé pour atteindre près de 18% en quelques années. Le classement pyramidal reprend le dessus.
Un résultat prévisible
La « France est coupée en deux… ». Une affirmation ? Une réalité ? De nombreux éléments confirment ce constat qui est repris en toute occasion par des géographes, des démographes, des philosophes, des sociologues, des économistes et certains politiques[1]. La vision ne se limite pas à celle de la fracture du niveau de vie, représentée par la rupture entre les métropoles, les villes moyennes et les zones rurales. « Coupée en deux » ne suffit pas pour comprendre l’état de notre société.
La France est divisée en morceaux. Nord/Sud – Est/Ouest, des villes ou des champs, soi-disant considérée comme multiculturelle et non communautaire, jusqu’à quand ? C’est un pas vers une « France des minorités ». Les divergences des partis politiques et de leurs partisans à tendances, exclusive et manichéenne, accentuent les fractures.
1 La France périphérique, Christophe Guilly, Champs actuel, 2015 ; L’archipel français, Jérôme Fourquet, Le Seuil, 2019 ; La France sous nos yeux, J. Fourquet, JL Cassely, Le Seuil, 2021