L’inflation est principalement à l’origine des mouvements importants que l’on observe sur les différents marchés financiers, aussi bien le marché des changes, que les marchés actions et évidemment les marchés obligataires.
Cette hausse continue des prix a poussé la Fed à durcir sa rhétorique à la fin du quatrième trimestre, jusqu’à relever la fourchette de son taux principal de 0.50% d’un coup. Sachant que d’autres hausses de la même ampleur ne sont pas écartées par la banque centrale lors des prochaines réunions.
Les conséquences de cette envolée des prix et de la normalisation de la politique monétaire de la Fed sont un redressement rapide des taux américains, aussi bien les taux courts que les taux longs, entraînant logiquement un redressement des taux réels, c’est-à-dire des taux indexés sur l’inflation. Quelques chiffres pour mieux apprécier la vitesse du mouvement : mi-Novembre, le taux 10 ans réel américain évoluait encore très largement en territoire négatif, à -1.25%. Six mois plus tard, en ce début de semaine, il évoluait à +0.35%, c’est-à-dire son plus haut niveau depuis mi-2019.
Ce passage d’un territoire très négatif à positif en l’espace de 2 trimestres seulement a eu pour conséquence une forte érosion de l’effet TINA (« There Is No Alternative ») qui a été très visible sur les indices boursiers et notamment les indices fortement pondérés en valeurs de croissance (techs) comme le Nasdaq100 par exemple. Avant même que ne débute la guerre en Ukraine, le Nasdaq100 avait déjà perdu près de 20% en l’espace de deux mois seulement.
Même les indices plus sensibles aux valeurs cycliques, comme les indices européens par exemple, avaient également perdu du terrain sur cette érosion de l’effet TINA, avant que la crise géopolitique n’éclate fin février.
La guerre en Ukraine puis les confinements en Chine sont venus rajouter une pression supplémentaire à une dynamique de prix déjà lancée à pleine vitesse.
La forte hausse du dollar, la chute des valeurs technologiques (près de la moitié des valeurs du Nasdaq Composite sont en baisse de 50% par rapport à leur sommet), l’affaissement des obligations souveraines (et obligations high yield) mais aussi la chute des principales cryptodevises : une part relativement importante de l’ajustement à la baisse de nombreux actifs est liée à l’inflation et à la normalisation monétaire qu’elle génère en conséquence, l’autre partie étant liée aux conséquences économiques directes pour les entreprises de la situation géopolitique et des tensions logistiques mondiales.
C’est pourquoi les chiffres d’inflation aux Etats-Unis, qui seront publiés mercredi vont être un indicateur majeur pour les marchés. Et revêtir un caractère particulier car contrairement aux mois précédents, le consensus table cette fois-ci sur une progression moins forte des prix. Le consensus pour l’inflation CPI d’avril est à 8.1% y/y contre 8.5% pour le chiffre de mars.
Si c’est effectivement le cas, l’état d’esprit général des marchés pourrait commencer à évoluer, considérant que le pic inflation aura potentiellement été atteint. Qui dit sommet sur l’inflation américaine ne signifie pas pour autant rechute rapide des prix, mais les marchés pourraient commencer à infléchir leur vision à sens unique et envisager une étape plus « consolidante ». Et cela pourrait commencer à se ressentir avec un début d’inflexion d’appétit pour le dollar bénéficiant ainsi à l’euro, une petite détente des taux courts et peut-être les prémices d’une stabilisation des marchés actions.