Si les constructeurs automobiles ont décidé de jouer, pour la prochaine décennie, la carte du 100 % électrique, le monde est loin de s'être débarrassé du pétrole et des énergies fossiles. Mais la chute du baril de brut en Bourse, désormais stable entre 40 et 50 dollars, a réduit les investissements et, selon l'Agence Internationale de l'Energie, un choc pétrolier ne serait pas à exclure.
L'offre sera-t-elle trop faible en 2040 ?
L'Agence Internationale de l'Energie (AIE) se projette loin dans le futur, dans plus d'une vingtaine d'années. Malgré la volonté des politiques de réduire la consommation énergétique et les émissions de CO2, l'AIE estime qu'en 2040 la demande de pétrole sera plus élevée qu'en 2015. En 2040 l'AIE estime que le monde consommera 103,5 millions de barils de pétrole par jour, contre 92,5 en 2015.
Cette hausse est liée à l'augmentation de la demande dans les pays pauvres et en voie de développement (+19 millions de barils par jour) qui viendra compenser largement la baisse de la consommation des pays développés (-12 millions de barils par jour) et permettra donc au pétrole d'avoir toujours la part belle dans le mix énergétique mondial. Sauf que cette hausse de la demande va poser problème.
Le secteur pétrolier manque d'investissements
La chute du prix du baril en Bourse a fait fondre les investissements des géants du pétrole dont les marges n'ont cessé de se rogner depuis le pic de prix de 2014. Si cette année-là les entreprises ont investi 780 milliards de dollars dans les projets d'exploration et production, les investissements ont baissé de 200 milliards en 2015 et devraient baisser de 140 milliards encore en 2016. De quoi empêcher les grands groupes de trouver de nouveaux gisements en mesure de faire face à la demande croissante en pétrole.
En 2016, donc, les entreprises ne devraient investir que 440 milliards de dollars dans des projets d'exploration-production alors que l'AIE estime nécessaire un investissement de 700 milliards par an sur la période 2016-2040. Pour ce faire, toutefois, le prix du pétrole doit remonter aux alentours de 80 dollars le baril, soit environ le double du prix actuel, afin que les entreprises du secteur puissent investir tout en étant rentables. Ce point d'équilibre pourrait être atteint en 2020 ce qui devrait se traduire par une forte hausse du prix des carburants à la pompe, entre autres.
La réduction des émissions de CO2 jouera un rôle majeur
Ce scénario assez positif pour les entreprises du secteur pétrolier tient compte des accords de Paris de la COP21... dans leur état actuel. Le climato-sceptisme de Donald Trump pourrait d'ailleurs jouer en faveur d'un scénario de ce type... mais l'AIE prévient : si l'action contre le réchauffement climatique se renforce, un choc pétrolier pourrait bien avoir lieu.
Selon l'Agence Internationale de l'Energie, si les pays s'accordent sur des mesures très contraignantes pour réduire les émissions de CO2 et limiter le réchauffement de la planète, la demande en pétrole pourrait s'effondrer. Elle pourrait tomber à 75 millions de barils par jour, soit le niveau des années 90.
La demande serait alors très faible par rapport à l'offre et le prix du brut pourrait à nouveau s'effondrer, comme ce fut le cas début 2015.