La Canicule pour l’économie aussi cet été 2022

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Par Philippe Bapt Modifié le 18 août 2022 à 8h09
Inflation Hausse Etats Unis Covid
@shutter - © Economie Matin
6,8%L'inflation a atteint 6,8% sur un an en juillet 2022 en France et le thermomètre 43°C, le 18 juin, à Arcachon

Un point d’étape en plein été…ça sert vraiment ?

A cette date-là de l’année il est si facile de ressortir l’inénarrable marronnier de la qualité de l’huile d’olive vendue sur les marchés de plein vent de Provence, et pour faire plus professionnel de parler de la chute du cours de pétrole depuis plus d’un mois. Il serait même très tendance de se poser la question de la taxe des supers profits ou de la baisse du prix du carburant à la pompe ou des deux ?

A ce propos il est tout de même fou de se dire qu’aujourd’hui, on paie l’essence ou le gazole plus cher à la pompe de l’autre côté des Pyrénées, alors même que le coût de la vie y est moins cher et le salaire minimum comparé en France et en Espagne donne ces chiffres en montant brut mensuel : 1645 contre 1166 euros. Bref la taxe sur les super profits en Espagne a bien été votée…et ce sont donc les espagnols qui la paient à la pompe.

Ce qui est certain pour revenir à notre hexagone, c’est qu’il n’y aura pas eu de trêve estivale côté économie non plus. Les données publiées vendredi 12 août 2022 par l'Insee en atteste : cette hausse de l’inflation qui provient de l’accélération des prix de l'alimentation (+6,8 % après +5,8 %), et dans une moindre mesure des produits manufacturés (+2,7 % après +2,5 %), voit sa hausse presque atténuée suite à la flambée des prix de l'énergie, hausse qui se pose un tantinet passant à +28,5 % après +33,1 %, et ce notamment grâce à la baisse des prix des carburants à la pompe.

Alors oui le phénomène n’est pas franco-français (cf. carte), et il est impressionnant de constater combien d’une part la relative sortie de la pandémie Covid et d’autre part la guerre en Europe, contre l’Ukraine, entraînent comme bouleversements économiques.

Et même pour les tenants d’une sortie de l’Europe, la perfide Albion ressent très fort ces secousses de contraction économique. Il est intéressant de noter qu’outre-Manche le repli économique constaté est en partie compensé par…le tourisme qui a repris ses droits après cette période si terne due au virus et ses variants, grâce à la levée des restrictions sanitaires.

Evidemment, inventer un bouclier par-ci, un chèque par-là, ne va pas constituer l’épine dorsale d’une politique économique pérenne. Après le « quoi qu’il en coûte » de ces deux dernières années, la poussée de fièvre économique à laquelle le monde se trouve confronté pour ce second semestre aussi, et plus si affinités, ne va pas être propice à un climat sain pour les investisseurs, tant on a l’impression de se voir confronté à l’émergence d’une nouvelle-donne mondiale. Là où les équilibres précaires certes avaient pourtant l’air de tenir, on assiste à un nouveau maillage économique mondial. Cela va-t-il tenir ? Les chinois grands argentiers du monde : de l’Afrique à la Grèce jusqu’aux Etats-Unis vont-ils réussir à surmonter les effets que produisent leur politique de « zéro Covid » qui est la leur et qui les handicapent ?

L’été sera chaud (1979) : quel devin cet Eric Charden

Sans oublier la seule la vraie canicule estivale avec ses effets en cascade : sècheresse, feux de forêts, suivie des contre-effets de type pluies intenses n’ont pas fini non plus de redistribuer les cartes même en matière économique : les besoins en énergies vont croître de façon exponentielle. Imaginez : 2022 est une année record, étant donné le nombre de jours de canicule : 30 minimum !

Certains ou certaines ont beau faire leur beurre électoral sur le non-besoin de voler ou de se permettre du tourisme à volonté, malgré les voyages des uns en avion première classe ou en voilier pour d’autres, force est de constater que ce n’est pas pour demain l’ère du collectivisme en France.

la France qui s’enorgueillit de voir passer pas loin de 90 millions de touristes par an sur son sol, pour le principal durant les deux mois d’été, ne peut et ne pourra jamais se passer de cette manne économico-financière qu’est la branche du tourisme : 2 millions de salariés directs et indirects, dont 1,4 million d'emplois directs. Les secteurs qui y sont directement liés représentent environ 6% du PIB.

Enfin, oui : un plus grand besoin d’éducation, de sagesse collective pour « faire sens ensemble » se font bien sentir.

Pour ceux qui ont connu la deuxième moitié des années 70, après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, la France s’était déjà lancée dans une grande campagne « antigaspi » énergétique de carburant avec le slogan « chassons le gaspi ! ». Mais les temps ont changé…plus individualistes, plus hédonistes voire pour les optimistes plus épicuriens ( au sens élargi du terme), et donc il va falloir espérer que chacun pourra encaisser ces poussées de thermomètre et ces reculs de pouvoirs d’achat, sans quoi malgré tous les pansements votés à l’assemblée, l’ensemble de notre pays tout comme nos voisins vont avoir bien du mal à boucler la ceinture d’approvisionnement énergétique et contenir les conséquences économiques : moral des ménages donc vitesse de flux des capitaux en berne et recul du PIB, mais aussi à terme, politiques : puisque ce sont alors des périodes propices au populisme triomphant !

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets. Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines. Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français.