Transformation de la banque : repensons le modèle en profondeur

Vpatel
Par Viren Patel Modifié le 23 mars 2023 à 10h02
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170 MILLIARDS €Selon la Banque de France, 170 milliards d'euros ont été sur-épargnés durant la crise de la Covid-19.

Désertification des banques, guerre des talents, concurrence féroce… Aujourd’hui plus que jamais, le secteur bancaire est confronté à de nombreux défis, incitant les acteurs à accélérer leur transformation numérique. Pourtant, si la prise de conscience est au rendez-vous, les actions concrètes pour y répondre ne semblent pas encore être mises en place.

Pour preuve, les clients continuent de délaisser les services bancaires traditionnels au profit d'alternatives en ligne et mobiles. Selon une étude d’Accenture, la part de clients disposant d’un compte dans une banque en ligne est passée de 17% à 23% entre 2018 et 2020.

Confrontées à des concurrents qui n’ont pas à supporter le poids d’une informatique issue de plusieurs décennies d’histoire, les banques traditionnelles n’ont pas d’autres choix que d’accélérer la transformation de leur système et du back office.

Trouver et conserver les talents à l’heure de la désertification

Pour réussir cette transformation, il convient d’identifier en amont les compétences nécessaires. Comme de nombreux secteurs, les banques vont se heurter à une grave pénurie des compétences numériques. Les talents très demandés tels que les développeurs et data scientists font partie des professions où la guerre des talents fait rage. D’autant plus pour les banques qui sont confrontées à la concurrence des entreprises technologiques, sans parler des rivaux de la fintech.

La solution serait alors d’envisager la reconversion et la gestion de carrière des collaborateurs actuels. A l’image de la Société Générale qui a déployé une stratégie d’accompagnement de ses collaborateurs afin de repenser et de transformer en profondeur son modèle. Grâce à son programme de reskilling, la banque permet à ses collaborateurs de se former à de nouveaux métiers, notamment dans l’IT. Une stratégie payante qui répond à un double objectif : combler une partie du déficit de compétences de l’entreprise et accompagner les collaborateurs dans le développement de leur carrière.

Une autre stratégie consiste à s’inscrire dans des écosystèmes de valeur partagée, et de collaborer avec des partenaires privés et publics pour développer des solutions à la pénurie de talents. C’est la démarche qu’a adoptée un géant comme BNP Paribas avec son programme « Women & Girls in Tech », dont l’ambition est de sensibiliser précocement les jeunes femmes aux métiers de l’IT.

Au travers de ces actions, les entreprises investissent dans leur avenir en intervenant elles-mêmes sur la formation de potentielles recrues ou de collaborateurs déjà présents. Mais au-delà, elles répondent à une aspiration qui n’a jamais été aussi vive dans la population qu’elles cherchent à fidéliser : la quête de sens.

Les banques traditionnelles à l’heure de l’aggiornamento

Si leur transformation est bien à l'oeuvre, les banques traditionnelles accusent encore un retard conséquent. Et pour cause : d’importants investissements sont effectivement réalisés dans le front-office (résultants souvent de programmes de transformation disparates, exécutés en silos). Cependant le back-office fonctionne toujours avec des systèmes hérités et des modèles de données anciens. Preuve, s’il en fallait une, que les dirigeants sous-estiment encore considérablement le rôle du back-office et des fonctions supports dans la transformation de l’entreprise. Selon un récent rapport de Deloitte, « seulement 11 % des banques ont entièrement modernisé leurs systèmes d’entreprise au point de pouvoir intégrer facilement les technologies numériques émergentes. »

Comme dans beaucoup de secteurs, les acteurs financiers ont tiré les leçons de la crise de Covid-19 et ont reconnu la nécessité de numériser le back-office pour tirer davantage de valeur de l'ensemble du système de l'entreprise. Cependant, le chemin est loin d’être parcouru. Les banques traditionnelles doivent devenir plus agiles et plus résilientes aux nombreux changements qui vont se produire sur leur marché. Qu’ils s’agisse d’anticiper les nouvelles réglementations à venir ou de s’adapter à l’évolution des besoins du marché, les acteurs doivent disposer d'une plateforme commune à toute l’entreprise, offrant la capacité de réagir et de résister à tous les changements dans le secteur.

In fine, la course à l’innovation dans laquelle les acteurs financiers se sont lancés est avant tout managériale et culturelle. Il s’agit de penser la transformation de l’entreprise dans sa globalité en embarquant l’ensemble des collaborateurs en leur offrant les outils nécessaires pour aligner leurs objectifs à ceux de l’entreprise.

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Vpatel

Financial Services Industry Strategist chez Workday