On entend et lis tout et n'importe quoi sur les voitures électriques et leur recharge, en particulier avec la crise de l'énergie dans laquelle nous sommes plongés, à notre corps défendant. Première contre-vérité : les voitures électriques deviendraient plus cher à l'usage qu'une voiture à moteur thermique. C'est vrai, seulement si...
Seulement si la voiture électrrique est rechargée exclusivement sur des bornes publiques, et encore, sur des bornes publiques ou le kWh est vendu à un prix proprement déraisonnable. Ne jettons pas la pierre aux entrepreneurs qui se sont lancés, de bonne foi, dans le business de la construction de recharges de voitures électriques. Ils ne pouvaient pas imaginer que l'électricité, encore il y a peu, quasiment gratuite, du moins en France, verrait ses prix flamber dans de telles proportions en quelques mois ! Des prix qui devraient encore augmenter, et augmenter durablement..
Mais reprenons depuis le début, en nous intéressant d'abord à l'électricité. Contrairement à l'essence ou au diesel, dont le prix fluctue d'une semaine sur l'autre, plus rarement, d'un jour sur l'autre, et seulement de quelques pourcents en plus ou en moins.... Le prix de l'electricité peut doubler, tripler, quadrupler, quintupler, et plus encore, en fonction du lieu et du moment où elle est consommée.
Le prix de la recharge pour voiture électrique dépend du lieu où l'on se branche
Contre-intuitif ? Mais aussi parfaitement logique. Sur une aire d'autoroute, le conducteur de véhicule électrique qui cherche à recharger la batterie de sa voiture souhaite d'abord que l'opération dure le moins longtemps possible. Certains véhicules promettent de récuprer 80 % de leur autonomie en une demie-heure, en partant de 10 ou 20 %. Ce service a un prix : celui de l'installation d'une borne puissante, dont le coût dépasse facilement les 100 000 euros. Une borne qui ne rapportera pas d'argent à celui qui l'a installée avant des années et des années, puisqu'il faut bien rembourser l'investissement.
Autrement dit, lorsque l'on charge sa voiture sur de telles bornes rapides, c'est moins l'énergie enfournée dans la voiture que l'on paye, que le service de la charge, et donc, le coût de la borne. Sans compter que le concessionnaire d'autoroute réclame aussi sa dîme au passage, comme sur les stations services d'ailleurs. Sauf que les volumes de vente ne sont absolument pas du tout les mêmes... Une borne peut escompter avoir une dizaine de clients dans une journée, les jours fastes, une vingtaine. Alors qu'une pompe à essence servira dix fois plus d'automobilistes, au bas mot !
C'est pour cette raison que le seul moyen rationnel et économiquement raisonnable de recharger la batterie de sa voiture électrique est de la recharger à domicile. Cela implique pour cela d'habiter en maison individuelle, ce qui est le cas d'une majorité de propriétaires de véhicules électriques aujourd'hui. Ou bien, à défaut, dans une résidence avec parking, dans laquelle l'installation d'une ou plusieurs bornes de recharge pour voitures électriques a été effectuée, ou est programmée pour bientôt.
L'electricité peut-être vendue dix fois plus cher sur autoroute, comparé au prix domestique
Pour comprendre le grand écart qu'il peut y avoir entre des électrons chargés dans la voiture électrique à domicile, et ceux chargés sur une borne publique rapide, il suffit de consulter les tarifs. Avec l'offre "Super Heures Creuses" de Total Energies, on peut accéder entre 2h et 6h du matin à des kWh sous la barre des 10 centimes (9,6 centimes exactement, TTC). Avec un tarif heures creuses "voiture électrique" de EDF, le kWh dépasse à peine la barre des 11 centimes.
De l'autre côté du spectre, les tarifs sur certaines bornes rapides proposent du kWh à plus de 80 centimes, et certains réseaux s'approchent même du seuil fatidique de 1 euro ! A ce prix là, une berline électrique consommant un respectable 25 kWh reviendra deux à trois fois plus cher en électricité que son homologue à essence ou diesel.. À l'inverse, la même berline, chargée à domicile de nuit, coûtera deux à trois fois moins cher en électricité que son homologue thermique !
Entre les deux, fort heureusement pour les urbains, on trouve les réseaux de bornes de charge installés à la demande des municipalités par des concessionnaires. Dans les grandes villes, la maison individuelle est évidemment un luxe, tout comme les parkings souterrains. Seule les bornes de recharge installées sur la voie publique offrent une solution aux propriétaires de voitures électriques.
Des réseaux de bornes de recharge électrique raisonnables, d'autres pas
Là encore, ce qui est le lot quotidien du propriétaire de voiture électrique, on peut trouver de tout, mais si l'on prend l'exemple de Paris, on découvre que les tarifs peuvent rester raisonnables. En charge lente (7kWh) ce qui permet tout de même de récupérer entre 30 et 50 km d'autonomie par heure, le tarif demandé par Total Energies qui opére le réseau Belib' 'est tout à fait raisonnable. Il oscille entre 31 et 33 centimes du kWh, sachant que l'on paye pour une durée de temps de stationnement, et non pour une quantité de kWh chargés. A l'inverse, le réseau Métropolis de la métropole du Grand Paris, déployé en banlieue, qui facture, lui, au kWh, fait payer la même charge lente... deux fois plus cher ! En province, on trouve un peu de tout, allant de la borne de recharge pour voiture électrique encore gratuite (mais pour deux heures seulement) à.. la quasi absence de bornes, en dehors de celles, hors de prix, déployées dans les parkings souterrains. Qui facturent et la charge, et le temps de stationnement !
En résumé, vous l'avez compris, charger sa voiture électrique est d'abord un sport, certains diront un jeu, d'autres, le resssentent comme un stress et une aberration. Mais en gérant bien ses charges, on peut réussir à parcourir 10 000 km en voiture électrique, pour à peine plus cher que deux gros pleins de carburant ! Quand une voiture thermique en aurait consommé, elle, entre 10 et 20...