LES ÉTUDES MÉDICALES : UN MARCHÉ COMPLEXE
Si chaque année 15% des lycéens font le choix des études de médecine lors de l’enregistrement de leurs vœux d’admission post-bac (APB), ils seront seulement 1 sur 10 à réussir le concours de la PACES régulant l’accès en seconde année d’études de santé. Mais dans une France où les déserts médicaux ne cessent de croître, des barrières si fortes sont-elles encore justifiées ? L’installation d’un marché privé pour les études de médecine est-il possible ?
Un accès limité aux universités publiques de médecine
Depuis 1971, un numerus clausus, ou de son latin: “nombre fermé”, est fixé chaque année dans les universités de médecine publiques, déterminant quel nombre d’étudiants pourra être admis en seconde année, et à fortiori parvenir à terme à exercer une profession médicale.
Originellement, ce numerus clausus à deux vocations: contrôler la concurrence des praticiens arrivant sur le marché médical, et éviter une augmentation massive des dépenses de santé.
Pourtant aujourd’hui ce numerus clausus connaît de vives critiques. Il serait à l’origine des pénuries importantes de praticiens de la santé dans plusieurs zones rurales, créant ce qu’on appelle des “déserts médicaux”, toujours plus importants chaque année.
Son outil de régulation, le concours de la PACES devant être réussi par tous les étudiants de première année désirant accéder à la seconde année des études de médecine, est aussi dénoncé pour son extrême difficulté et pour les conséquences du stress intense éprouvé par les candidats: dépressions, burn-out, alcoolisme, usage de drogues, et autres troubles psychologiques pouvant mener parfois jusqu’au suicide.
Étudier à l’étranger pour contourner la PACES
Pour contourner les écueils du concours de la PACES et avoir une chance d’exercer un jour une profession médicale, certains étudiants choisissent de suivre leurs études médicales dans un autre pays appartenant à l’Espace économique Européen. S’expatriant le plus souvent en Espagne, en Roumanie, en Belgique ou au Portugal le temps de leur cursus, le diplôme obtenu au sein de cet espace Européen leur permettra d’exercer librement leur profession dès leur retour en France. En 2014, on constate ainsi que 35% des nouveaux inscrits à l’Ordre National des Chirurgiens-Dentistes avaient été diplômés hors de France (Source ONCD).
Certains professionnels déplorent le manque de contrôle sur la qualité de l’enseignement reçu dans ces autres pays Européens. Pour parer à cet exode des compétences, l’assouplissement du numerus clausus devient une polémique de plus en plus récurrente.
L’ouverture des études médicales à un marché privé
En 2012, un nouvel acteur apporte une réponse inédite au départ des étudiants français dans les universités de médecine étrangères. Le CLESI-ESEM FRANCE ouvre à Toulon puis à Béziers la première école médicale privée, accessible sans limite de numerus clausus. Le CLESI-ESEM FRANCE bouleverse les codes en offrant une chance aux étudiants malmenés par le concours de la PACES d’accéder dorénavant à la profession de kinésithérapeute ou de chirurgien-dentiste en validant un diplôme Européen sans concours. Mais si cette école est vue comme une incroyable opportunité par les étudiants, elle est depuis son ouverture la source de nombreuses controverses au sein de la profession médicale.
La réussite professionnelle des premiers diplômés du CLESI-ESEM FRANCE en Juin 2017 devrait témoigner de la légitime ouverture des études médicales à un marché privé en France, comme solution contre la croissance des déserts médicaux, et contre la fuite de notre jeunesse dynamique et éduquée vers les universités de médecine de nos voisins Européens.