C’est une surprise qui a pris bon nombre de politiques au dépourvu et qui, surtout, change totalement la donne pour la Primaire de la Gauche et pour la Présidentielle 2017 : François Hollande a annoncé jeudi 1er décembre 2016 ne pas se représenter pour la Primaire et donc renoncer à briguer un deuxième mandat de Président de la République. C’est donc l’heure du bilan de l’unique mandat de François Hollande à l’Elysée.
La croissance en berne en France
En termes de croissance, François Hollande n’est clairement pas arrivé au meilleur moment : la France a été frappée de plein fouet par la crise économique de 2008. Deux trimestres de récession en 2012 ont marqué son début de quinquennat puis la croissance est restée faible.
2016 redresse un peu la barre mais, là aussi, le gouvernement a visé toujours trop haut : Bercy clamait une croissance de 1,5 % minimum en 2016 malgré les prévisions, plus basses, de toutes les grandes institutions économiques comme le FMI, l’OCDE ou encore la Commission Européenne. Ce n’est que début novembre 2016 que le gouvernement s’est plié à la réalité et a revu ses prévisions de croissance à la baisse pour ne tabler plus que sur 1,3 % sur l’année.
Les impôts en hausse durant le quinquennat de François Hollande
Un des points cruciaux du mandat de François Hollande aura été l’augmentation de la pression fiscale. Étonnamment, ce sont les entreprises qui ont gagné gros : selon l’OFCE les impôts ont baissé de 20 ,6 milliards d’euros bien que la France, avec son impôt sur les sociétés de 33,3 %, reste un des pays où l’imposition reste la plus élevée du monde.
Les ménages, eux, auront connu une hausse d’impôts de 35 milliards d’euros sur 5 ans, surtout les ménages aisés. Les ménages les moins riches s’en sortent, notamment avec la suppression de la première tranche d’impôt sur le revenu, celle à 5,5 %. le gouvernement estime que 12 millions de ménages en France ont vu leurs impôts baisser ce qui fait que plus de 15 millions ont vu le leur augmenter.
Et ça se ressent sur le nombre de ménages qui payent l’impôt sur le revenu : ils sont moins de 50 % du nombre total de ménages en France.
Déficits : la France rentre dans les clous de Bruxelles, mais moins que prévu
L’autre grand dossier de François Hollande aura été de réduire le déficit public de la France pour rentrer dans les clous du Pacte de Stabilité et donc faire plaisir à la Commission Européenne et, surtout, à son actuel Commissaire aux Affaires économiques, l’ancien locataire de Bercy Pierre Moscovici.
C’est chose faite ! En 2017 le déficit de la France devrait chuter sous les 3 %, à 2,9 %, selon les dernières prévisions de Bruxelles et de Bercy. Une bonne nouvelle… mais elle reste mitigée : le gouvernement a toujours clamé qu’en 2017 le déficit aurait été de 2,7 %. Un objectif atteint, donc, mais pas autant que prévu, notamment à cause d’une croissance moins élevée, mais également de mesures qui auront coûté cher.
Surtout, si le quinquennat de François Hollande se clos sur ce succès, celui de son successeur commencera sur un échec : les mesures votées par le gouvernement devraient, selon les prévisions de Bruxelles, faire augmenter de nouveau le déficit public en 2018 et le faire à nouveau passer au-dessus de 3 %, à 3,1 %. François Hollande évite donc de justesse l’amende de 4 milliards d’euros pour la France que Bruxelles aurait pu infliger au pays… mais laisse un dossier chaud à son successeur.
Le chômage baisse dans les chiffres mais ne baisse pas en réalité
On ne pouvait pas faire le tour du bilan de du quinquennat de François Hollande sans parler du chômage, d’autant plus que sa candidature à un deuxième mandat a toujours été clamée sous réserve que la courbe du chômage s’inverse. Là aussi, le président sortant peut se vanter d’un succès en demi-teinte.
Dans les chiffres de Pôle Emploi, ça ne fait aucun doute : la courbe du chômage s’est inversée, surtout depuis l’été 2016 (mais pas avant, ce qui en fait une inversion très tardive par rapport à ce qu’espérait le gouvernement). Mais cette inversion, surtout, n’est pas réelle.
La catégorie A de Pôle Emploi voit ses effectifs baisser. Mais ce n’est que par un transfert de catégorie : en octobre 2016 le nombre de chômeurs de catégorie A a baissé de 2,8 % en un an (3,479 millions) ce qui est un succès et pourtant le nombre total de chômeurs toutes catégories confondues a augmenté.
En octobre 2016, par rapport à octobre 2015, le nombre de chômeurs a augmenté de 87 700 (6,2149 millions) boosté par l’augmentation de 16,7 % de la catégorie D, celle des chômeurs en formation (donc qui ne sont pas tenus de chercher un emploi et qui sortent, de fait, de la catégorie A). L’effet du plan massif de formations (500 000) prévu par le gouvernement pour relancer l’emploi.
François Hollande ne se représente donc pas… et on comprend peut-être mieux pourquoi !