Depuis 2000, l’indice des prix immobiliers a progressé de 114% à Paris et 75% en France. Sur la même période, le salaire moyen a progressé de seulement 10% et l’inflation de 18%. Alors forcément, se loger devient de plus en plus coûteux, comme le souligne la Fondation Abbé Pierre.
Se loger correctement, un objectif "inatteignable"
La France n’est pas sortie du logement hors de prix. Malgré le tassement des prix depuis 2011, à l’achat comme à la location, se loger correctement reste un objectif inatteignable pour une large part des ménages des couches populaires et moyennes, notamment dans les grandes villes, déplore l'association.
La Fondation Abbé Pierre a testé, dans douze agglomérations françaises de diverses tailles, ce que différents ménages-types pouvaient concrètement s’offrir, à la location ou à l’achat, dans le neuf ou dans l’ancien, dans le privé ou dans le parc social.
Résultat : en dehors du logement vraiment social (PLAI et PLUS), les prix proposés sont souvent trop élevés pour la plupart des ménages, et pas seulement en région parisienne. Les ménages les plus modestes ne sont pas les seuls touchés.
Par exemple, un couple gagnant 2 200 € par mois avec un enfant ne pourra pas, à Nice, Lyon, Ivry, Bordeaux ou Montpellier, acheter un T3 à la mesure de ses moyens, sauf à subir un taux d’effort excessif ou à choisir un logement dégradé.
Une famille monoparentale avec deux enfants et un salaire au SMIC ne peut louer un logement adapté et à un taux d’effort correct de 25 % dans aucune des 12 villes testées ici, même avec les APL.
Réguler le marché ?
Cette réalité appelle des politiques locales et nationales volontaristes de régulation des marchés de l’immobilier, de construction à coût abordable dans les zones tendues, de production de logements vraiment sociaux à grande échelle et d’aides au logement revalorisées. Ces difficultés d’accès au logement des classes populaires et moyennes dans des conditions correctes devraient interpeler les candidats à l’élection présidentielle, dont on attend des propositions concrètes pour répondre à une attente fondamentale des citoyens : se loger dignement.
« Qui peut trouver supportable de vivre heureux sans les autres ? Qui peut ne pas avoir mal quand l’autre souffre ? » interrogeait déjà en son temps l’abbé Pierre...