L’autonomie de la Corse est l’un des enjeux majeurs de la visite du Président Emmanuel Macron du 6 au 7 février 2018. Si elle est affirmée d’un point de vue politique, est-elle viable économiquement ?
La Corse, première au classement du tourisme et du chômage
La Corse profite de sa faible densité de population (330 000 habitants soit 37 hab./km²) pour attirer touristes et maisons de vacances. Elle détient en effet un record dans ce domaine puisqu’un logement sur trois dans la région est une résidence secondaire. Le tourisme constitue l’activité majoritaire sur le territoire, mobilisant en moyenne une personne sur dix.
Si la région est la plus touristique de France, les autres secteurs d’activités ont plus de difficultés. Le territoire produit peu et une partie non négligeable de sa population n’a pas de travail. Le taux de chômage s’élève à 10,5 % et est en pleine croissance depuis quelques années. Le manque de formation ne favorise pas non plus l’intégration professionnelle. Actuellement, un jeune sur cinq n’a aucune formation. Il faut ajouter à cela un taux de pauvreté supérieur à 20 % et une population vieillissante avec près d’un tiers de la population qui a plus de 60 ans.
Une région dépendante de l’Etat
Tout comme le tourisme, l’Etat emploie un habitant sur dix. Ce chiffre résume l’importance de l’aide étatique dans la région. De fait, la Corse bénéficie de nombreux avantages offerts par la France, comme la minoration de la TVA sur les produits locaux et le carburant ou un programme d’investissement lancé en 2002 pour pallier les handicaps naturels du territoire. L’autonomie économique de la région parait donc difficile à atteindre, d’autant plus que sa gestion territoriale est sujette à contestation.
Le commerce informel et les carences dans la levée des impôts ne contribuent pas à la richesse de la région. Les contrôles des entreprises sont ainsi réalisés deux fois moins souvent que dans le reste de la France. Il s’agit alors pour la Corse de stabiliser et de diversifier son économie. Le tourisme ne peut pas répondre à lui seul aux besoins de l’île de beauté, dont fréquentation stagne depuis dix ans.
Les piliers de son autonomie
Malgré une situation économique plus que fébrile, la Corse peut s’appuyer sur la croissance importante de ces dernières années. Outre le tourisme, certains secteurs comme l’énergie, l’agriculture ou bien le numérique sont les moteurs de ce développement. En atteste l’installation à Ajaccio en septembre 2017 de Qwant Music, filiale du moteur de recherche français.
La Corse doit aussi consolider les activités bien ancrées localement, comme le BTP, qui représente 16,3 % des entreprises.
Etre autonome est un enjeu est de taille pour une région qui réduit ses inégalités avec le reste du territoire, mais dont le PIB de 8,59 milliards d’euros reste 5% en dessous de la moyenne provinciale française.