Face à l’échec du gouvernement Français à tenir ses engagements en matière d’écologie, multiplier les offres d’électricité verte privilégiant les producteurs locaux pourrait être la solution.
Cette année encore, le bilan écologique planétaire n’est pas glorieux. En 2018, l’ensemble des pays du monde aurait rejeté dans l’atmosphère 2,7% de CO2 de plus que l’an précédent, selon le bilan annuel de l’atlas mondial du carbone, le Global Carbon Budget*. Un bilan bien différent des objectifs fixés par l’accord de Paris - toujours en vigueur- qui projette de limiter la hausse des températures à 1,5°C et donc de réduire progressivement les émissions mondiales de gaz à effet de serre. La France a sa part de responsabilité : ses émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 3,2% en 2017 et l’Hexagone a vécu son année la plus chaude en 2018 avec une moyenne de 14°C, confirmant l’urgence de la situation. La production d’énergie est l’un des secteurs les plus concernés : pour atteindre les objectifs du gouvernement - soit 40% de parts renouvelables dans l’électricité d’ici 2030- il faudrait multiplier par quatre le rythme de l’amélioration de l’efficacité énergétique et multiplier par trois le rythme de la baisse de consommation d’énergies fossiles.** Le rapport de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI) voit dans les énergies vertes un moyen d’atteindre ces objectifs.
75% des Français se disent prêts à acheter de l’énergie aux producteurs locaux
L’organisme note “un net regain des émissions dues à la production d’électricité [...], sous l’effet d’une moindre disponibilité du parc nucléaire et des variations de rigueur hivernale.” Pour autant, la production d’énergie verte française - hors hydroélectricité- est passée de 0,7% en 2005 à 7,6% en 2017 selon un rapport de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), rendu public en décembre 2018. L’organisation émet alors l’idée que les offres d’électricité vertes des fournisseurs pourraient “contribuer directement au développement de nouvelles installations renouvelables”. En effet, la consommation française provenant d’une offre d’électricité verte atteint, aujourd’hui, les 5% et le nombre de fournisseurs d’énergie renouvelable se multiplient. Ils sont passés de 17 en 2017 à près d’une trentaine de nos jours.Ces offres séduisent les particuliers français qui, pour 75%, sont prêts à acheter de l’énergie directement à des producteurs locaux**. Un engouement renforcé par les tarifs de ces abonnements verts, qui, contrairement aux idées reçues, ne sont pas plus élevés que ceux d’un contrat classique. Des comparateurs d’offres d’énergie comme Hello Watt permettent de le constater rapidement.
Deux offres d’électricité verte pour deux forces d’engagement
Malgré tout, cette envolée n’a pas réellement participé à l’augmentation des énergies renouvelables françaises. La principale cause est l’opacité des typologies d’offres d’électricité verte, dénoncée par l’Ademe. L’organisation différencie deux types d’offres. La première, nommée “standard” puisqu’elle est la plus courante, engage uniquement les fournisseurs à acheter autant de garanties d’origines - document électronique qu’il est possible de se procurer auprès d’installations d’énergie renouvelable (Enr) en France ou dans l’Union Européenne - que de quantité d’énergie consommée par le client. En choisissant cette offre, le consommateur n’a donc pas la garantie que son électricité est verte, seulement que le fournisseur a acheté des garanties d’origine à des producteurs Enr.
La seconde, qualifiée de “premium”, engage le fournisseur à acheter ses GO et son électricité auprès des mêmes producteurs Enr, qui sont majoritairement des petites installations d’hydroélectricité françaises. Cette formule contribue donc à la pérennisation des installations Enr de l’Hexagone en offrant de meilleures conditions de rémunération aux producteurs.
Parc électrique renouvelable à 95% et électricité moins chère : une utopie réalisable ?
Ainsi, selon l’Ademe, dans un futur proche, la multiplication de ces offres “premium” conjuguée à la baisse des prix des énergies renouvelables, pourraient financer de nouvelles installations Enr françaises pour répondre à la forte demande. Un beau scénario que l’institut confirme dans son étude Trajectoires d’évolution du mix électrique 2020-2060 publiée en décembre 2018. Elle promet que la part des énergies renouvelables pourrait atteindre les 95% de la production d’électricité française en 2060, provoquant une chute du coût total de l’électricité qui atteindrait alors les 90 € / MWh contre 100 €/ MWh aujourd’hui. Un futur hypothétique qui repose exclusivement sur de meilleures conditions de rémunération des producteurs d’énergie renouvelable et une fin rapide du parc nucléaire historique.
*Données issues de l’atlas mondial du carbone, le “Global Carbon Budget”, publié en décembre 2018, lors de la COP24.
**Étude menée en juin 2018 par le cabinet de conseil public Elabe.