L’industrie française est en repli, et ce depuis 1975. Ce ne sont pas les difficultés de Whirlpool, GM&S ou Carrefour qui le contrediront. Pourtant, l’industrie semble repartir à la hausse depuis 2016.
Entre 2006 et 2015, 500 000 emplois en moins
Le déclin de l’industrie française n’est pas nouveau. Depuis 1975 et la fin des Trente Glorieuses, la part de l’industrie manufacturière dans l’ensemble de la valeur ajoutée de l’économie a été divisée par deux. La crise des « subprimes » en 2008 a enfoncé encore plus un secteur en difficulté. Les gains de productivité, l’externalisation vers les services, la concurrence étrangère, les délocalisations sont les raisons principales de la perte de vitesse industrielle.
La décennie 2006-2015 illustre particulièrement ce repli. D’après l’Insee, durant cette période, 27 300 établissements ont fermé et 530 000 salariés ont perdu leur emploi. Il ne restait plus que 123 000 entreprises et 2,7 millions de salariés dans l’industrie manufacturière en 2015. Elle reste le deuxième secteur employeur, mais elle est également l’activité qui souffre le plus.
La construction a particulièrement pâti de la crise avec plus de 19 200 établissements et près de 100 000 emplois en moins. Le textile, l’habillement et le cuir continue quant à lui de s’effondrer, perdant plus d’un tiers de ses établissements. Seules les industries de pointes comme l’aéronautique et l’industrie agroalimentaire résistent. Cependant, les résultats de 2016 et 2017 semblent freiner la dégringolade de l’industrie française, voire indiquer une relance de certains secteurs.
La destruction créatrice
En 2016, l’industrie a réussi à trouver un équilibre en compensant les 136 fermetures d’usines par un nombre d’ouvertures équivalent. La production manufacturière a même connu un rebond de 4,9 % en 2017. La conjoncture internationale est actuellement favorable à la France, notamment depuis les élections, ce qui favorise la création d’emplois.
Toutefois, la politique actuelle du gouvernement n’est pas de préserver les emplois en difficultés mais de soutenir la création d’autres postes par un phénomène de « destruction créatrice » défendu par le président. Emmanuel Macron a ainsi déclaré que l’Etat « ne doit pas jouer le rôle de pompier dès lors qu’une usine en danger est à la une des journaux », ce qui risquerait selon lui d’enrayer la vie économique.
Si cette vision libérale de l’économie porte pour l’instant ses fruits, elle ne soigne pas non plus tous les maux de l’industrie française. La situation est encore fragile et le secteur dépendant des mesures fiscales qui attirent les industriels. De plus, les nouvelles usines ne correspondent pas forcément au secteur ni à la zone géographique des employés licenciés, ce qui laisse de côté de nombreux ouvriers. Pourtant, l’innovation et le renouvellement de l’industrie vers les produits numériques semblent être des enjeux cruciaux pour maintenir ce secteur dans de bonnes conditions.