4 millions de femmes déclarent avoir été victimes de viols au moins une fois dans leur vie, selon une étude menée par la Fondation Jean Jaurès.
Près de deux femmes sur trois victimes de comportements déplacés
Alors qu’à la suite de l’affaire Weinstein et des campagnes « Balance ton porc » et « Me too » lancées sur les réseaux sociaux, les révélations sur les violences sexuelles se multiplient ces derniers mois, le professeur Michel Debout et la Fondation Jean Jaurès ont souhaité disposer d’une enquête pour mesurer l’ampleur de ces pratiques dans la société française et pour mesurer leurs effets sur la santé des victimes. Les résultats font froid dans le dos.
L’enquête réalisée auprès de 2 167 femmes permet de dresser un premier état des lieux de la fréquence des différents comportements et attitudes sexistes et des violences sexuelles. L’enquête se focalise sur les cas de violences sexuelles les plus graves à savoir le viol, leurs modalités (lieux, auteurs, âge des victimes…) et met en lumière leurs conséquences très lourdes et les séquelles durables sur les victimes.
L’un des premiers enseignements de l’étude est que la fréquence d’exposition des femmes à différents comportements sexistes ou à caractère sexuel est élevée. 58 % des femmes interrogées ont déjà été exposées à des comportements déplacés, 57 % à des propositions dérangeantes et une sur deux à des insultes ou des remarques à caractère sexiste (50 %). Il en va quasiment de même pour ce qui est des gestes grossiers à connotation sexuelle (45 % des femmes y ont déjà été confrontées) et même des caresses ou des attouchements à caractère sexuel sans leur consentement (43 %).
L’étude souligne le « caractère complexe, répétitif et cumulatif de ce type de violences, chez les femmes concernées. Il s’agit là d’un élément fondamental à prendre en considération par les pouvoirs publics et associations appelés à traiter le problème ».
12 % des femmes disent avoir été violées
Deuxième enseignement de l’étude, 12 % des femmes déclarent avoir déjà subi un viol, dont une majorité (7 %) une seule fois et 5 % quelques fois ou plusieurs fois. Ce chiffre se situe au-dessus de ce que d’autres enquêtes ont mesuré par le passé.
Enfin, les victimes ne sont pas celles que l’on croit. Ainsi dans un cas sur deux, les femmes victimes de ce type d’agression sexuelle l’ont été au cours de leur enfance (17 %) ou de leur adolescence (34 %) contre 49 % quand elles étaient adultes.
Les femmes déclarant avoir été violées durant leur enfance l’ont été pour 54 % par un membre de la famille, pour 15 % par un membre de l’entourage et pour 13 % par une personne du voisinage. L’agresseur appartient très majoritairement dans ce cas à l’environnement de proximité (familial ou autre), les viols par un inconnu ne représentant que 15 % des cas de viols sur mineurs.