Dans un contexte de croissance vigoureuse et de redémarrage de la création d'emplois, les salariés auraient pu s'attendre à une hausse de leurs rémunérations. Pourtant, ce n'est pas toujours le cas.
Un cas emblématique de cette modération salariale : chez Air France. Depuis plusieurs semaines, la compagnie aérienne subit une grève perlée très suivie. Après des années de disette, les organisations syndicales réclament désormais une hausse générale des salaires de 6% : une exigence impossible à satisfaire pour la direction de l'entreprise, même si les résultats pour l'exercice 2017 ont été très satisfaisants. La compétitivité du groupe fait toujours défaut dans un secteur, celui du transport aérien, où les compagnies aériennes se battent pour baisser toujours plus leurs coûts.
Des salaires qui augmentent peu
Au-delà du dossier Air France, la hausse des salaires n'est globalement toujours pas au programme. Le cabinet Deloitte a calculé pour 2017 une progression salariale de 2,5% pour les cadres, et de 2,1% pour les non cadres. Les hausses seront plus modérées encore en 2018, puisqu'elles seront comprises dans une fourchette de 1,8% à 2%. Le Smic s'est contenté lui d'une progression de 1,24% au 1er janvier, suivant la hausse stricte de l'inflation. Pourtant, le contexte est favorable : l'an dernier, le secteur privé a créé 268 800 emplois, un plus haut. Le chômage a entamé son reflux, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a même parlé d'une décrue du chômage de masse. Fin 2017, celui-ci pointait à 8,9% de la population active.
Participation et intéressement des salariés
De leur côté, les syndicats évoquent la difficulté d'aller négocier des hausses de salaires quand les contrats à temps partiel, les CDD, l'emploi intérimaire se développent rapidement. Sans oublier la baisse toujours plus sensible de la présence syndicale dans les entreprises. Le gouvernement a un projet inscrit dans la loi Pacte qui vise à améliorer l'intéressement et la participation des salariés dans l'entreprise. Cela devrait donner un petit coup de turbo sous les rémunérations en évitant des hausses générales.