Trois mois après le lancement de l'abonnement TGVmax, destiné aux 16-27 ans, 80 000 voyageurs y ont déjà souscrit, affirme la SNCF. Mais le fonctionnement opaque de cette offre fait des mécontents. 1 300 clients s’apprêtent à saisir le Procureur de la République, tandis que d’autres ont décidé de résilier leur contrat.
Une saisie du Procureur de la République pour « publicité mensongère » se prépare
Le 25 janvier 2017, la SNCF annonçait le lancement de son nouvel abonnement « illimité », permettant aux jeunes âgés de 16 à 27 ans de voyager sur l’ensemble des lignes TGV et Intercités moyennant un forfait mensuel de 79 euros. Quatre mois après, nombre de voyageurs sont déçus voire s’estiment dupés. Des difficultés majeures existent en effet pour réserver des trajets, certains clients se voyant dans l’impossibilité de profiter de leur abonnement.
Sur Change.org, une pétition à l’attention du Procureur de la République du Barreau de Seine-Saint-Denis dénonce la « publicité mensongère » qu’utiliserait, selon ses auteurs, la SNCF, afin de donner à son offre un air attractif et pousser les jeunes à souscrire. Comment cela se fait-il ? Le simulateur mis en place par la compagnie ferroviaire, ouvert à tous, affiche la disponibilité aux détenteurs de l’abonnement d’un grand nombre de places sur toutes les destinations. Cependant, c’est seulement en se connectant à son compte TGVmax que le client peut visualiser les disponibilités réelles. Et là, surprise : le tableau n’est plus aussi réjouissant. Contactée à ce sujet à de nombreuses reprises par des usagers mécontents, la SNCF assume cet état des choses et explique que le simulateur n’est pas mis à jour en temps réel, et qu’il est fourni uniquement à titre indicatif.
Des jeunes déçus mais tout de même contents de pouvoir faire des économies
Benjamin, étudiant à Paris et originaire de Marseille, nous raconte que l'abonnement était très alléchant le premier mois de son existence, avec de nombreux billets même en période de forte affluence comme le vendredi ou le dimanche soir. « Mais une fois que tout le monde y a souscrit, plus de billets ou très très peu aux mêmes horaires pour les mois de mars ou avril, déplore-t-il. À partir du vendredi midi, tout devient très compliqué, jusqu'au dimanche soir. On peut compter 10 places par train je pense et pour en avoir une il faut être sur le qui-vive un mois avant le voyage, à minuit. Aucune certitude pour avoir une place, tout part au shotgun en quelques secondes. Malgré les dires de la SNCF comme quoi « des places TGVmax sont fréquemment ajoutées jusqu'à J-3 avant le voyage », j'y crois peu, j'ai déjà vérifié en vain. C'est parfois décevant de se dire qu'on paye un abonnement TGVmax 80 euros par mois et qu'on doit rajouter 100 euros de plus pour payer un billet au tarif normal. Donc en tant qu'usager, je suis déçu pour le coup bas que la SNCF a pu faire le premier mois pour allécher un maximum de monde. De nombreuses personnes que je connais ont résilié pour ces raisons. »
Marie-Pauline, doctorante à Lyon, est moins catégorique. Tous les quinze jours, elle retourne passer le week-end chez elle, à Marseille. « C'est assez difficile de trouver des places vers 19h le vendredi et 18h le dimanche. Ça m'est déjà arrivé de ne pas trouver de place auquel cas, j'ai annulé mon voyage. Mais il est quand même très rare que je ne trouve pas mon bonheur car je n'ai pas d'horaires précis ni de lieu de travail à respecter, je peux donc partir le vendredi en début d'après-midi et revenir le lundi matin », raconte-t-elle. Entre payer ses déplacements entre 120 et 140 euros par mois (avec la réduction de la carte jeune) et 80 euros avec TGVmax, elle y trouve son compte.
Les trois premiers mois de l’abonnement s’écoulant pour de nombreux clients, les résiliations vont désormais pouvoir se faire. TGVmax, réussira-t-il à garder ses abonnés ? Affaire à suivre…