La France a eu ce qu'elle voulait de Bruxelles alors que Bruxelles n'a pas ce qu'elle veut de la France : Pierre Moscovici a été nommé ce mercredi 10 septembre 2014 commissaire aux Affaires Economiques et financières et Union Douanière. L'annonce, il l'a lui-même faite sur Twitter.
Une nomination qui vient à point nommé : la France a écarté toute possibilité de réduction du déficit public en dessous de 3% avant 2017... alors que l'Union Européenne voulait cette réduction pour 2015.
Pierre Moscovici commissaire européen
C'est peut-être le premier voire le seul succès de François Hollande en cette rentrée 2014 : son protégé a été nommé Commissaire Européen aux Affaires Economiques au sein de la nouvelle équipe de Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission Européenne. Bien que pressenti à ce poste, un doute subsistait sur la nomination de Pierre Moscovici.
C'est chose faite, et cela risque bien de faire les affaires de la France. Car c'est justement le Commissaire aux Affaires Economiques qui est chargé d'évaluer la situation économique des pays de l'Union Européenne, France comprise.
Or, le gouvernement a ce même jour annoncé que non, le déficit public ne baissera pas sous les 3% en 2015. En 2014 il dérapera à 4,4% contre 4,3% en 2013 et au mieux c'est en 2017 que, si tout va bien, le déficit pourrait baisser en-dessous du seuil fixé par Bruxelles.
François Hollande et Manuel Valls ont donc un allié de poids : ancien ministre de l'Economie sous Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici aura donc une position fondamentale lorsque le gouvernement français va demander un nouveau délai pour la réduction du déficit ; délai qu'il avait déjà obtenu en 2013 par ailleurs.
A moins que Pierre Moscovici ne tourne le dos à son pays et ne s'aligne sur la politique de Bruxelles et sur l'avis du FMI... auquel cas il pourrait décider de sanctionner la France.
Jean-Claude Juncker fait le bonheur de la France et du Royaume-Uni, mais pas de l'Allemagne
Si la France a eu le portefeuille qu'elle voulait, il en est de même pour le Royaume-Uni dont le représentant, Jonathan Hill, a été nommé Commissaire européen aux Services financiers. Un poste clé, alors que l'idée de sortir de l'Union Européenne fait de plus en plus de chemin outre-Manche et que le pays est sur le bord de l'implosion avec le référendum d'indépendance en Ecosse où le « oui » pourrait bien l'emporter.
Plus étonnant encore, l'Allemagne, le bon élève de l'Union Européenne qui a présenté mardi 9 septembre 2014 le premier budget à l'équilibre depuis près de 40 ans, n'a pas obtenu le portefeuille du Commerce qu'elle convoitait, mais celui de l'Economie Numérique. C'est la Suède qui détiendra le portefeuille du Commerce qui tenait à coeur à Angela Merkel.