La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim fait débat après la publication d'un rapport parlementaire estimant son coût à 5 milliards d'euros. Un chiffre que Ségolène Royal, ministre de l'Energie, considère « farfelu ». D'autant plus que la très grosse majorité des 5 milliards d'euros serait une indemnisation pour les actionnaires d'EDF... et qu'EDF appartient à 85% à l'Etat.
Pourquoi Fessenheim doit fermer ?
La fermeture de Fessenheim n'est pas tant une question de vétusté de la centrale, elle n'a été mise en service que depuis 36 ans alors que la durée de vie moyenne d'une centrale nucléaire aux Etats-Unis par exemple est de 60 ans, qu'une question de loi. La loi sur la transition énergétique en l'occurrence. Le vote de cette loi commencera ce mercredi 1er octobre 2014 au Parlement.
La loi sur la transition énergétique prévoit que la part du nucléaire dans le mix énergétique français n'évolue pas. Or, en 2016, c'est le nouveau EPR de Flamanville qui entrera en fonction, augmentant mathématiquement la production d'électricité par énergie nucléaire en France. Pour compenser la production de 1 600 mégawatts de Flamanville, Fessenheim doit fermer.
Un coût de 5 milliards d'euros pour la fermeture de la centrale
Le rapport parlementaire, réalisé par les députés Hervé Mariton (UMP) et Marc Goua (PS), estime à un minimum de 5 milliards d'euros le coût de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, en Alsace. Mais ce chiffre ne tient pas compte des coûts de démantèlement.
Le coût de 5 milliards d'euros est réparti comme suit : le coût social de cette fermeture, entre suppression de 2 000 emplois et suppression des gains fiscaux, est estimé à 1 milliard d'euros ; les 4 milliards d'euros restants sont les indemnités qui seraient versées aux actionnaires de la centrale dont EDF mais également des actionnaires minoritaires allemands et suisses. Et c'est sur ce point que le bât blesse.
L'indemnisation d'EDF est prévue par le texte de loi sur la transition énergétique mais pose problème et, d'après Denis Baupin, député EELV, n'aurait pas lieu d'être. En effet, comme il le rappelle, EDF est une entreprise publique détenue à 85% par l'Etat...
Ségolène Royal ne compte pas revenir en arrière
La ministre de l'Energie pointe des pieds sur la question : « Rien ne me fera céder sur ce type de chantage, avec des calculs farfelus qui sont lancés dans la nature pour essayer d'influencer les décisions » a-t-elle déclaré sur France Inter.
Si elle ne veut pas revenir en arrière concernant la fermeture des réacteurs, elle laisse toutefois une chance à EDF : si ce n'est pas Fessenheim qui est fermée, ce pourraient être d'autres réacteurs, notamment certains plus vétustes.
Au journal Les Echos, le 2 juillet 2014, elle avait déclaré : « Je regarderai avec pragmatisme les propositions de l'entreprise, [...] c'est-à-dire quels sont les réacteurs qui coûtent le plus cher pour être remis aux normes » avec une « préférence » pour les centrales ayant plus d'un réacteur en fonction « car cela évite la fermeture complète d'un site ».