Bug de Parcoursup : Frédérique Vidal a-t-elle menti ?

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 17 mai 2019 à 19h15
Bug Parcoursup
@shutter - © Economie Matin
8,5 %8,5 %, au moins, des lycéens victimes du bug de Parcoursup, vendredi 17 mai.

Le bug inédit de Parcoursup ne serait en fait qu'une simple accumulation d'erreurs humaines, affirme Frédérique Vidal, la ministre de l'Enseignement supérieur. Une affirmation qui semble démentie... par la plateforme elle-même !

Si plusieurs dizaines de milliers de futurs bâcheliers ont reçu, par erreur, une proposition d'admission conforme à l'un de leurs choix mercredi 15 mai au soir, c'est une erreur, et pas un bug, dixit Frédérique Vidal.

Lors d'une conférence de presse organisée en urgence, vendredi 17 mai, la ministre a prétendu que plusieurs centaines d'établissements, "principalement des BTS", auraient confondu deux cases : celle du nombre de places disponibles dans la formation proposée, et celle de la "capacité" maximale de la liste d'attente de l'établissement ! !

Parcoursup : des positions sur liste d'attente qui jouent au yo-yo

Si, déja, le simple fait qu'une telle erreur grossière ait pu se produire, sans qu'aucune ligne de code ni opérateur humain ne la détecte, surtout reproduite à grande échelle, est choquant, ce qui ressemble surtout à un élément de langage inventé de toutes pièces en catastrophe est surtout formellement démenti par Parcoursup.

Sur les réseaux sociaux, les lycéens dépités, victimes de ce fantastique loupé de Parcoursup, partagent en effet leur étonnement de voir leur position sur la liste d'attente faire du yo-yo, tout au long de la journée de vendredi.

Sur la photo qui illustre cet article, on constate en effet qu'il y a manifestement du jeu dans les rouages des algorithmes de Parcoursup : à deux heures d'écart, le même candidat, accepté dans sa formation mercredi soir, placé ensuite sur liste d'attente vendredi matin, se retrouve en... première position sur la liste d'attente à 16h00, puis.. 1441 à 18h !!! Pourtant, le nombre de candidats dans la liste d'attente n'a pas bougé d'un yota, ni non plus la très fumeuse "liste d'appel du groupe", dont personne ne comprend vraiment le fonctionnement.

Parcoursup : bug monumental de la plateforme en vue ?

Sachant que tout cela survient vendredi, dernier jour de la semaine (donc, sans équipes techniques disponibles pour intervenir durablement et efficaclement, en dehors des équipes d'astreinte) le tout deux jours après la première rafale de propositions, il faut sans doute craindre que le bug de Parcoursup soit beaucoup plus profond que veut bien l'admettre la ministre de l'Enseignement Supérieur.

En effet, pour qu'un candidat passe de la première place à la place 1441 dans une liste d'attente, sans que le nombre de candidats au sein de la même liste d'attente n'ait été modifié, il faut que les bases de données et les algorithmes qui les manipulent soient bien endommagés derrière.

Que va-t-il donc se passer ensuite ? Probablement, un retour aux bonnes vieilles méthodes : Chaque école, chaque université, vont devoir vérifier à la main que le tri des candidatures confié à Parcoursup s'est fait correctement, et que les propositions de formation aux "premiers de liste" sont confromes. Celles dont les boîtes mail explosent depuis ce matin, submergées de messages de réclamation (elles seraient plusieurs centaines, au dernier décompte), savent déjà qu'elles sont victimes d'un gros bug de Parcoursup, et que les prochains jours vont être compliqués...

77 000 lycéens victimes du bug de Parcoursup, seulement ?

En fin de journée, vendredi, on estimait que 77 000 élèves, sur un total de 900.000, seraient victimes de ce bug de Parcoursup. "Seulement 2% des candidats", d'après la ministre de l'Enseignement Supérieur. Problème : même un élève de 6e est capable de poser une simple règle de trois, et d'obtenir non pas 2%, mais le chiffre assez scandaleux de 8,5 % des lycéens concernés... En espérant qu'il n'y ait pas des dizaines de milliers d'autres de vrais faux inscrits, planqués quelque part dans le système !

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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