Télécoms : pas de bousculade pour l’achat des « fréquences en or »

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 7 octobre 2014 à 5h08

700 Mhz : les « fréquences en or » ; c'est ainsi qu'elles sont surnommées par les opérateurs puisque leur pénétration est encore plus développée que la bande de fréquences des 800 Mhz. Forcément : elles étaient utilisées par la télévision et deviennent, avec l'adoption de la TNT, désuètes et inutilisées. Qui plus est, elles « voyagent » mieux que les 800 Mhz et beaucoup mieux que les 2 600 Mhz... donc il faut moins d'antennes pour couvrir le territoire. Autant dire qu'elles ont tout pour plaire aux opérateurs.

L'Arcep a donc annoncé leur mise aux enchères... mais l'euphorie attendue n'était pas au rendez-vous.

Le gouvernement mensonger

Ce que le gouvernement a dû se dire c'est « On va offrir aux opérateurs des fréquences encore mieux, et ils vont se faire la guerre pour les obtenir ! » Dans l'idée, ça aurait pu marcher. Malheureusement ce n'est pas entre eux qu'ils se font la guerre, mais contre l'Etat.

Ce dernier a en effet déjà vendu des fréquences en 2012 : la bande des 800 Mhz, obtenue par Bouygues Telecom, et celle des 2 600 Mhz... De quoi développer la 4G en France. Et pour les obtenir, les opérateurs ont déboursé 3,5 milliards d'euros. En sus des investissements nécessaires en équipement pour apporter le très haut débit mobile à leurs clients.

Pour attiser leur convoitise, le gouvernement avait également précisé que ce seraient là les seules fréquences disponibles sur les dix ans à venir... mais en fait non.

2 milliards d'euros attendus... inscrits dans la loi des Finances 2015

Le gouvernement a donc annoncé, contre toute attente, la mise en vente de nouvelles fréquences... seulement deux ans après avoir dit qu'il n'en remettrait pas en vente avec près de dix ans. Mais le temps est relatif, c'est bien connu.

L'Arcep lancera donc les enchères pour cette bande de fréquences... pour lesquelles elle attend quelques 2 milliards d'euros. Les opérateurs qui gagneront les enchères se les verront attribuer entre 2017 et 2019.

Si toutefois il y a des opérateurs qui les veulent... car pour l'instant il semblerait que ce ne soit pas le cas. Non seulement les investissements ont déjà été trop nombreux ces deux dernières années, mais en plus ni SFR, ni Orange ni Bouygues Telecom n'ont un réel besoin de fréquences. Il ne reste plus que Free.

Et il vaut mieux que Free ne fasse pas le coup de celle qui préfère s'acheter T-Mobile aux Etats-Unis car ce sera un énième coup dur pour le gouvernement. En vendant la peau de l'ours avant de l'avoir tué, la vente de la bande de Fréquences des 700 Mhz a été inscrite dans la loi des Finances de 2015.

Le coup de poker de Free

Le gouvernement a peut-être effectivement tout misé sur Free Mobile qui est actuellement le seul opérateur à ne pas avoir obtenu de fréquences lors des enchères de 2012... et de fait le seul opérateur à ne pas avoir investi il y a deux ans.

Xavier Niel, qui plus est, dispose d'un opérateur qui a une santé de fer, contrairement à ses concurrents. Free pourrait alors jouer le tout pour le tout, prendre en main ces fréquences... et prendre de fait un avantage stratégique pour le futur.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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