Le Medef veut que les patrons puissent licencier sans motif

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 31 octobre 2014 à 6h47

Licencier sans raison, licencier à tout bout de champ, licencier car la seule envie vous prend : voilà le rêve de Pierre Gattaz, patron du Medef. Dans une interview accordée au journal l'Opinion publiée ce vendredi 31 octobre 2014, le patron des patrons lance une proposition choc, visant sans doute à faire plus scandale car à devenir réalité : la possibilité de licencier sans devoir justifier le licenciement (chose obligatoire aujourd'hui). Mais non, il n'y a pas de dérives possibles, voyons !

Pierre Gattaz veut sortir de la convention 158 de l'OIT

Actuellement, lorsqu'un patron veut licencier un employé, il doit donner une raison : faute grave, problèmes économiques... le motif du licenciement est primordial et permet une garantie au salarié puisqu'il peut toujours faire valoir ses droits devant le tribunal des Prud'hommes s'il s'estime lésé ou s'il estime que le motif de licenciement n'est pas juste.

Et si vous pensez que c'est une lubie française, que ce motif de licenciement, vous vous fourvoyez : il s'agit de la convention 158 de l'Organisation Internationale du Travail, signée par la France en 1982, qui met en place cette obligation. Pour Pierre Gattaz, la France devrait en sortir.

Il met en avant l'Allemagne, qui ne l'a pas ratifiée. Notre voisin d'outre-Rhin est toujours montré comme un exemple... alors que 40 heures de travail sont parfois payées 840 euros par mois. Voir moins.

Licencier à tout bout de champ, sans raison valable

Sortir de la convention 158 de l'OIT pourrait, peut-être, débloquer le marché du travail (Pierre Gattaz avance l'idée mais n'avance pas réellement une étude d'impact sur la question) mais pourrait également débloquer des dérives. Véronique Desacq, numéro 2 de la CGT estime, probablement à raison, qu'il s'agit « d'un retour au Moyen-Âge » : « Supprimer ce droit élémentaire, c'est revenir à une époque où les salariés étaient taillables et corvéables à merci ».

C'est en effet facile de voir les dérives que ce projet pourrait entraîner : le salarié n'est pas d'accord avec une idée du chef ? A la porte. Le salarié est malade trop longtemps ? On lui dit au revoir. Le travail du salarié est jugé insuffisant ou pas assez impliqué ? « Bye bye ! ».

Les exemples pourraient se multiplier : pression accrue en termes d'objectifs, menaces de licenciement sournoises, et quid du harcèlement sexuel et moral qui est déjà un véritable problème du monde du travail ?

Sans compter que la facture des licenciements, c'est l'Assurance Chômage qui la paye, n'est-ce pas ? Et puis, c'est en pouvant licencier à tout bout de champ qu'on réduit le nombre de chômeurs, c'est bien connu.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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