Education : la fessée, pour ou contre ? Le débat relancé

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 20 novembre 2014 à 8h44

Vaste débat que celui de la fessée. Encore autorisée en France malgré une tentative d'interdiction en mai 2014 qui s'est finalement conclue par un rétropédalage du gouvernement, la fessée est interdite dans 18 pays européens. Et alors qu'en ce 19 novembre 2014 se déroule la Journée Internationale des Droits de l'Enfant, le gouvernement compte relancer le débat. En vue, peut-être, d'une interdiction.

Mais ce n'est pas aussi simple à dire qu'à faire.

Laurence Rossignol revient à la charge contre la fessée

C'est Laurence Rossignol qui relance le sujet sociétal qui fâche : la fessée. La secrétaire d'Etat chargée de la Famille avait promis de revenir sur le sujet après que le gouvernement a retiré son amendement interdisant les châtiments corporels de la loi Famille votée en mai 2014. Chose promise, chose due.

Ce mardi 18 novembre 2014, interrogée sur Europe 1, Laurence Rossignol a déclaré vouloir « une éducation sans violence » en France. Selon elle « on peut se faire obéir sans recourir à la violence » quand on est parents. Et c'est bien là tout le cœur du problème : interdire la fessée, c'est s'immiscer dans l'éducation que les parents donnent à leurs enfants.

Pourtant, sur un point il est difficile de donner tort à la secrétaire d'Etat : « Quand on voit un homme battre sa femme, tout le monde intervient ; si on voit deux adultes qui se battent, on va essayer de les séparer ; si on voit quelqu'un qui martyrise un animal, on va intervenir et, en fin de compte, les seuls êtres vivants que l'on peut frapper sans justifier que l'on puisse intervenir, ce sont les enfants. Il y a probablement quelque chose à travailler collectivement... » a-t-elle estimé sur Europe 1.

La question de l'éducation de l'enfant par les parents

Le débat sur la fessée divise la France car il est intimement lié à la relation parent – enfant... et donc à la vie de famille. Si ceux qui estiment qu'il faudrait interdire la fessée mettent en avant les droits de l'enfant et la question des châtiments corporels, ceux qui sont pour considère l'acte de la fessée comme un droit des parents sur les enfants.

Mais la question, au final, se résume à ça : « Quelle est la meilleure éducation qu'un parent peut donner à son enfant ? ». Un débat de fond qui aujourd'hui n'a pas encore trouvé de réponse définitive.

La fessée entraîne des risques de troubles mentaux

Un argument objectif en défaveur de la fessée, toutefois, existe. Une étude canadienne publiée par la revue scientifique Pediatrics aurait prouvé que la fessée pourrait augmenter le risque de troubles mentaux chez l'enfant une fois devenu adulte. Les châtiments corporels légers augmenteraient de 2 à 7% le risque de développer des maladies mentales, une dépendance aux drogues ou à l'alcool.

Si les résultats de cette étude sont à prendre avec des pincettes, elle ouvre la question de l'impact de la fessée sur le long terme... mais également de l'impact de celle-ci sur les finances publiques. Car les personnes ayant un trouble mental coûtent tout de même cher à l'Etat.

Selon la revue European Neuropsychopharmacology, il y aurait en France 12 millions de personnes souffrant de troubles mentaux (tous genres confondus). En 2007 on a estimé que les troubles mentaux avaient un coût de 109,2 milliards d'euros dont 13,4 milliards d'euros pour le secteur sanitaire.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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