« I have a dream » pensait Neelie Kroes quand elle s'est attaquée à l'itinérance des données et à la surfacturation des appels à l'étranger par les opérateurs mobiles. Ce rêve était de voir une Europe où utiliser son téléphone à l'étranger n'entraînait pas de mauvaises surprises sur la facture à la fin du mois. Un beau rêve, un rêve logique, mais qui se heurte au lobby des opérateurs qui, eux, ne veulent rien savoir.
Et quelque part l'histoire rappelle beaucoup celle de la rente autoroutière contre laquelle tente, en vain, de lutter.
La fin de l'itinérance en 2016 ?
Le calendrier de Neelie Kroes, commissaire européenne au numérique, est simple et prévis : en 2016 les frais d'itinérance devraient disparaître pour le plus grand plaisir des vacanciers et, surtout, des frontaliers.
Plus d'itinérance ça signifie plus de hors forfait quand on émet ou reçoit des appels depuis l'étranger, quand on envoie des SMS et ainsi de suite. Mais il semblerait que les opérateurs soient en train de tout faire pour faire capoter le projet.
Les Etats-membres de l'Union Européenne ne semblent pas en mesure de s'accorder sur les moyens de mettre en oeuvre cette réforme du réseau téléphonique européen. Mais pourquoi ?
L'itinérance... une rente pour les opérateurs
Les opérateurs sont derrière cette impossibilité puisqu'en fait ils ne comptent pas laisser filer ce qui est une véritable rente : le roaming, l'itinérance des données. Car la marge est gigantesque : 60% de ce que paye en plus l'utilisateur après avoir utilisé un réseau étranger tombe directement dans les poches de son opérateur.
C'est beaucoup ? Non, c'est pire que ça. Selon le cabinet Oddo consulting, l'itinérance représenterait 8 à 10% du chiffre d'affaires mobile des opérateurs européens. Une manne financière énorme. Du coup on comprend mieux pourquoi les opérateurs sont fortement opposés au projet de Neelie Kroes.