Libéralisation du marché des lignes de train à grande vitesse

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Par Michel Delapierre Modifié le 18 septembre 2019 à 9h57
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@shutter - © Economie Matin

Le 22 juillet 2019, l’entité en charge des infrastructures ferroviaires en Espagne, l’ADIF, dévoilait le cadre de la libéralisation de son marché des lignes de train à grande vitesse.

Premier marché en Europe

Le réseau espagnol représente plus de 15 000 km de voies ferrées dont 3 500 pour le réseau à grande vitesse et 1 500 supplémentaires en construction. Ce marché compte à lui seul 21 millions de voyageurs, ce qui en fait le plus grand d’Europe. Tous les corridors n’étant pas suffisamment rentables pour intéresser des opérateurs privés, le processus se concentre sur les trois lignes les plus fréquentées : Madrid-Barcelone-France ; Madrid-Alicante ; Madrid-Valence-Tolède-Séville.

Chaque ligne correspond à un lot (A, B et C), pour lequel les entreprises intéressées devront soumettre des offres d’ici le 31 octobre 2019. Le futur gagnant sera annoncé par le régulateur d’ici le 15 décembre 2019.

La SNCF et plusieurs entreprises européennes du secteur, Virgin Rail (filiale de Virgin Group), NTV Italo (groupe privé italien), Arriva Rail (filiale de Deutsche Bahn), Ilsa (filiale d’Air Nostrum), se sont d’ores et déjà positionnées pour concurrencer le favori, l’opérateur historique espagnol Renfe dirigé par Isaías Táboas.

La SNCF en première ligne

Toutefois, le ticket d’entrée sur le marché espagnol étant relativement élevé, la construction d’un train coute entre 20 et 30 millions d’euros et nécessite un délai d’environ 3 ans, les compétiteurs seront probablement dans l’obligation de trouver des alliés.

Comme le révélaient nos confrères de Challenges le 20 juillet dernier, la SNCF discute déjà avec deux sociétés espagnoles Ilsa et Acciona (entreprise de BTP) mais rien n’est exclusif et des négociations sont probablement en cours entre tous les opérateurs.

Selon des sources proches du dossier, certains opérateurs sont plus près d’un accord que d’autres. En effet, deux cabinets d’affaires anglo-saxons sont actuellement en train de travailler les termes de la mise en place de consortiums.

Les enjeux politiques

La bataille du côté espagnol préfigure-t-elle celle à venir en France d’ici 2021. Après l'italien Thello, filiale de Trenitalia et l'allemand FlixTrain, l’espagnol Renfe a également annoncé son intention de faire des demandes d’exploitation sur plusieurs lignes de TGV françaises.

Cette libéralisation à marche forcée vient bousculer des monopoles bien établis ; SNCF en France, Renfe en Espagne, Trenitalia en Italie et Deutsche Bahn en Allemagne.

Elle suscite donc des enjeux divers autant économiques que politiques ou sociétaux. Il s’agit autant d’une question de suprématie entre opérateurs que de problèmes d’aménagement et de développement des territoires ou du statut des salariés impactés ou du service et de la sécurité des usagers. A n’en pas douter, les marchés espagnols et français des trains à grande vitesse se joueront à la fois dans les cercles d’affaires et dans les couloirs du pouvoir politique.

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