Presse : Macron renonce à instaurer un « secret des affaires »

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Par Laure De Charette Modifié le 2 février 2015 à 10h59
Loi Macron Entreprises Croissance Emploi
375 000 EUROSLe texte prévoyait qu'un journaliste qui violait ce secret des affaires risquait jusqu'à 375 000 euros d'amende.

Divulguer une information délicate voire secrète sur une entreprise ne sera pas un délit. Les journalistes peuvent respirer ! Le gouvernement a finalement décidé de retirer l'instauration du "secret des affaires" prévue dans la loi Macron.

Maintenir le projet n'est "ni opportun ni judicieux"

Face à la bronca des journalistes, qui craignaient que l’on entrave le travail d’investigation de la presse, François Hollande a décidé de faire marche arrière, estimant, selon Le Monde, qu'il n'était "ni opportun, ni judicieux" de maintenir le projet.

Jeudi déjà, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron avait commencé le rétropédalage : il avait promis que son texte, qui, dans son esprit, visait à lutter contre l’espionnage industriel et donc à protéger les entreprises, serait modifié. Quatre amendements devaient être proposés, notamment afin de garantir que le délit créé ne serait "pas applicable aux journalistes".

Une atteinte à la souveraineté de la France ?

Une kyrielle de journalistes avait publié une tribune dans Le Monde. D’après eux, le projet de loi Macron, actuellement discuté à l’Assemblée nationale, contenait un amendement, "glissé en catimini, qui menace d’entraver le travail d’enquête des journalistes et, par conséquent, l’information éclairée du citoyen". Ils y voyaient "une censure inédite en France".

Concrètement, les journalistes signataires de la tribune assuraient qu’"avec la loi Macron, vous n’auriez jamais entendu parler du scandale du Médiator ou de celui de l’amiante, de l’affaire Luxleaks, UBS, HSBC sur l’évasion fiscale, des stratégies cachées des géants du tabac, mais aussi des dossiers Elf, Karachi, Tapie-Crédit lyonnais, ou de l’affaire Amésys, du nom de cette société française qui a aidé une dictature à espionner sa population".

Pire, la simple révélation d’un projet de plan social pouvait, en l’état, elle aussi, tomber sous le coup de la loi Macron selon eux. Une disposition spéciale prévoyait même que la justice puisse empêcher la publication ou la diffusion d’une enquête.

Le texte prévoyait qu’un journaliste qui violait ce secret des affaires risquait jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende. La mise était doublée en cas d’atteinte à "la souveraineté, à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France".

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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