Divulguer une information délicate voire secrète sur une entreprise ne sera pas un délit. Les journalistes peuvent respirer ! Le gouvernement a finalement décidé de retirer l'instauration du "secret des affaires" prévue dans la loi Macron.
Maintenir le projet n'est "ni opportun ni judicieux"
Face à la bronca des journalistes, qui craignaient que l’on entrave le travail d’investigation de la presse, François Hollande a décidé de faire marche arrière, estimant, selon Le Monde, qu'il n'était "ni opportun, ni judicieux" de maintenir le projet.
Jeudi déjà, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron avait commencé le rétropédalage : il avait promis que son texte, qui, dans son esprit, visait à lutter contre l’espionnage industriel et donc à protéger les entreprises, serait modifié. Quatre amendements devaient être proposés, notamment afin de garantir que le délit créé ne serait "pas applicable aux journalistes".
Une atteinte à la souveraineté de la France ?
Une kyrielle de journalistes avait publié une tribune dans Le Monde. D’après eux, le projet de loi Macron, actuellement discuté à l’Assemblée nationale, contenait un amendement, "glissé en catimini, qui menace d’entraver le travail d’enquête des journalistes et, par conséquent, l’information éclairée du citoyen". Ils y voyaient "une censure inédite en France".
Concrètement, les journalistes signataires de la tribune assuraient qu’"avec la loi Macron, vous n’auriez jamais entendu parler du scandale du Médiator ou de celui de l’amiante, de l’affaire Luxleaks, UBS, HSBC sur l’évasion fiscale, des stratégies cachées des géants du tabac, mais aussi des dossiers Elf, Karachi, Tapie-Crédit lyonnais, ou de l’affaire Amésys, du nom de cette société française qui a aidé une dictature à espionner sa population".
Pire, la simple révélation d’un projet de plan social pouvait, en l’état, elle aussi, tomber sous le coup de la loi Macron selon eux. Une disposition spéciale prévoyait même que la justice puisse empêcher la publication ou la diffusion d’une enquête.
Le texte prévoyait qu’un journaliste qui violait ce secret des affaires risquait jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende. La mise était doublée en cas d’atteinte à "la souveraineté, à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France".