La Commission européenne va enquêter sur le projet d'acquisition du constructeur Embraer par le groupe américain Boeing. Une procédure qui intervient dans un contexte miné entre les États-Unis et l'Europe.
En juillet 2018, Boeing faisait part de sa volonté d'acquérir le numéro trois mondial, le groupe brésilien Embraer. Une transaction à 4,75 milliards de dollars qui fait tiquer Bruxelles. Pour la Commission européenne, supprimer cet acteur important du marché mondial de l'aviation civile est potentiellement dangereux pour la concurrence, alors qu'il n'existe pas de concurrent russe ou chinois en mesure de jouer le rôle d'Embraer, du moins pas avant une dizaine d'années. « Nous voulons veiller à ce que les concentrations dans le secteur de l'aviation commerciale ne réduisent pas de manière significative l'exercice d'une concurrence effective sur les prix et le développement de produits », a expliqué Margrethe Vestager, la Commissaire européenne en charge de la concurrence.
Approbations réglementaires
Embraer et Boeing ont indiqué qu'ils travailleraient avec les enquêteurs de la Commission européenne. Les deux constructeurs, qui ont déjà obtenu une évaluation positive de la part des autorités américaines, savent que leur projet est soumis à des approbations réglementaires. Mais l'enquête de la Commission est lancée à un moment où les relations entre Washington et Bruxelles sont très dégradées dans le secteur aérien.
Tarifs douaniers
L'Organisation mondiale du commerce s'est en effet rangée du côté des États-Unis dans un dossier au long cours (il a duré 15 ans) opposant Boeing à Airbus. Les États-Unis peuvent mettre en place des tarifs douaniers sur des produits européens importés sur le sol américain à hauteur de 7,5 milliards de dollars. L'Europe a annoncé qu'en rétorsion, elle taxerait elle aussi des biens américains importés. La Commission doit rendre son verdict d'ici le 20 février.