La SNCF s’allie à AirBnb, les hôteliers crient au scandale

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 15 décembre 2015 à 8h37
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@shutter - © Economie Matin
100000 EUROSAirbnb n'a payé que 100 000 euros d'impôts en 2013 et France grâce à son optimisation fiscale.

L'alliance, annoncée vendredi 11 décembre 2015, entre la SNCF et le site de location courte-durée entre particuliers AirBnb a du sens d'un point de vue stratégique mais pas... d'un point de vue du patriotisme. Les hôteliers, déjà fortement frappés par la montée en puissance de l'économie collaborative, ont violemment dénoncé ce lundi 14 décembre 2015 un accord qui, selon eux, va à l'encontre du rôle d'une entreprise publique.

Offrir des billets gratuits aux frais du contribuable

Si la SNCF n'était pas une entreprise publique subventionnée par l'Etat les hôteliers n'auraient guère d'arguments : le plan de la SNCF est tout à fait logique. Elle veut inciter les Français à voyager et propose, en partenariat avec AirBnb, d'utiliser la plateforme américaine pour financer ce voyage. En gros : louer son appartement un week-end où l'on part en voyage permet de financer ce même voyage.

Tout le monde est gagnant : la SNCF, qui vend des billets, et AiBnb qui permet la réservation. Tout le monde... sauf les hôteliers. Toute personne louant un bien sur AirBnb ne va pas... prendre de nuitée dans un hôtel.

Alors quand, en plus, la SNCF offre un aller-retour pour la première location réalisée sur Airbnb, les hôteliers ont vu rouge "Est-ce le rôle de la SNCF de distribuer des billets gratuits aux frais du contribuable à une société privée ?" s'exclame Didier Chenet, président du GNI-Synhorcat. Surtout quand on sait que la SNCF va supprimer 1 400 emplois en 2016 la pilule ne passe pas...

Un partenariat avec... une société qui utilise l'optimisation fiscale

Le syndicat est d'autant plus en colère qu'AirBnb est un champion de l'optimisation fiscale : comme chez Facebook ou Google, la grande majorité des revenus du site passe par l'Irlande ce qui réduit largement ses impôts. En 2013 elle n'a payé que 100 000 euros d'impôts pour un chiffre d'affaires déclaré de 3,4 millions d'euros... alors que son chiffre d'affaires réel était plutôt de l'ordre des 130 millions d'euros.

Forcément, ça fait jaser : "Comment une entreprise publique subventionnée par l'Etat et par le contribuable peut-elle nouer un partenariat avec une société étrangère qui par des artifices réussit à ne déclarer que 5% de son chiffre d'affaire en France. Est-ce que c'est au contribuable de payer le développement d'une telle société ? C'est une honte" critique Didier Chenet.

Ce dernier annonce qu'il va saisir le gouvernement sur la question par courrier et par une question à l'Assemblée Nationale.

De son côté la SNCF ne semble guère inquiète : elle espère que 10% de ses clients pourraient utiliser ce partenariat d'ici 3 ans... et tant pis si les clients devront déclarer les revenus issus d'AirBnb sous peine d'amende de la part du Fisc ou si AirBnb utilise l'optimisation fiscale.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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