Russie : A défaut de nouvelles sanctions, Bruxelles vise Gazprom

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 21 avril 2015 à 7h56
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@shutter - © Economie Matin
10%Une entreprise accusée de pratiques anticoncurrentielles risque une amende de 10% de son chiffre d'affaires mondial.

L'Union Européenne le sait bien : elle ne peut pas prendre de nouvelles sanctions contre la Russie et Vladimir Poutine sinon ce dernier risque vraiment de s'énerver et de faire tout pour faire capoter l'Ouest... en commençant par la crise grecque. Pourtant L'Union Européenne aimerait bien montrer à Poutine qui commande. Alors elle a décidé de s'attaquer au géant du gaz russe Gazprom qui fournit 39% du gaz consommé en Europe. Et ce n'est pas une mauvaise nouvelle.

Une plainte déposée en 2012 pour "pratiques anticoncurrentielles"

Tout a commencé en 2012 lorsque la Lituanie dépose auprès de la Commission Européenne une plainte contre Gazprom et les pratiques du géant russe. Les prix imposés et les clauses des contrats sont directement visés. L'occasion pour Bruxelles de lancer une enquête de grande envergure dans huit pays d'Europe de l'Est.

Entre temps, la crise ukrainienne explose : on est fin 2013. L'Union Européenne ne veut pas encore envenimer les tensions entre l'est et l'ouest et renonce (qui culminent avec des sanctions des deux côtés), fin 2014, à notifier à Gazprom l'accusation d'abus de position dominante. Et pour cause : Gazprom avait déjà réduit ses exportations vers l'Europe pour faire pression.

Avec l'hiver il ne valait mieux pas trop tenter le diable et risquer une fermeture totale des robinets de gaz alors que l'Europe, et surtout l'Allemagne et l'Italie, est totalement dépendante du gaz russe.

Faire d'une pierre deux coups : attaquer la Russie et justifier Google

En ce lundi 20 avril 2015 une information fuite cependant à Bruxelles : Margrethe Vestager, commissaire à la Concurrence, devrait notifier le grief à Gazprom lors de son retour en Europe le mercredi 22 avril 2015. Elle aurait reçu le feu vert de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.

Si c'est le cas, ce serait extrêmement tactique de la part de la Commission car elle fait d'une pierre deux coups : d'une part elle peut attaquer Gazprom (et par là la Russie) en justice sans prendre de sanctions supplémentaires contre le pays ; d'autre part elle justifie ainsi l'attaque contre Google lancée le 15 avril 2015. En attaquant Gazprom la Commission européenne dit implicitement "on n'en a pas qu'après Google mais contre tout le monde".

Gazprom, comme Google, risque une amende de 10% de son chiffre d'affaires mondial estimé à plus de 100 milliards d'euros ainsi que l'imposition de divers changements dans ses pratiques. Mais le géant russe risque de ne guère apprécier de se faire attaquer alors que les relations entre lui et l'Europe s'étaient calmées ; Gazprom a même accepté d'augmenter de 60% ses exportations le 6 mars 2015 au lendemain de la visite de Matteo Renzi, premier ministre italien, à Moscou.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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