Le groupe français spécialisé dans le luxe Kering, détenu par le milliardaire français François Pinault, est dans la tourmente depuis quelques mois : le fisc italien a ouvert une enquête sur un soupçon de fraude fiscale pour une valeur de plusieurs milliards d’euros. La cible ? La marque Gucci que le groupe détient. Mais selon les révélations de Mediapart, la fraude aurait dépassé les frontières de la péninsule.
2,5 milliards d’euros de fraude fiscale ?
Mediapart a dévoilé vendredi 16 mars 2018 son enquête réalisée en collaboration avec l’ECI, le réseau européen des médias d’investigation. Selon cette enquête, le groupe Kering aurait évadé le fisc dans plusieurs pays européens pour un total de 2,5 milliards d’euros depuis 2002. Le plus gros de l’évasion, selon Mediapart et l’ECI, aurait été réalisé depuis 2009 : 2 milliards d’euros.
L’Italie, qui a déjà ouvert une enquête sur le groupe et sa marque Gucci en novembre 2017, est le principal pays touché : 1,9 milliard d’euros au total dont 1,4 milliard pour Gucci et 180 millions pour Saint-Laurent. Mais selon les informations de Mediapart, Kering aurait également évadé le fisc français et le fisc britannique. Autant dire que Bercy pourrait s’intéresser à l’affaire même si pour l’instant aucune enquête n’est ouverte.
Kering ne nie pas le montage basé en Suisse
Selon Mediapart et l’ECI, l’enquête cible très précisément la filiale Luxury Goods International LGI basée en Suisse et qui est la plateforme logistique du groupe. Cette filiale dispose d’un accord fiscal avec le canton du Tessin, à la frontière avec l’Italie, lui permettant de plafonner son impôt sur les sociétés à 8 %. Cet accord avait été signé par LGI qui expédiait et facturait la marque Gucci que Kering a rachetée en 1999. Or, depuis, l’essentiel des marques de luxe du groupe Kering aurait été confié à LGI… leur permettant de bénéficier également de cet accord.
Le groupe français, de son côté, a réagi en confirmant à demi mot le montage dans un communiqué de presse publié à la suite des révélations le 16 mars 2018 : « ce modèle d’exploitation est connu des autorités fiscales françaises et des autres autorités fiscales compétentes » avant de préciser : « le groupe s’acquitte en Suisse des impôts dus, en conformité avec la loi et le statut fiscal de la société ».