Air France : une taxe sur les billets achetés via les comparateurs de prix

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 10 juin 2015 à 7h20
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@shutter - © Economie Matin
16 EUROSLufthansa a annoncé le 3 juin 2015 qu'elle allait faire payer 16 euros de plus les billets achetés sur un comparateur de prix.

On peut appeler ça une tentative de suicide de la part d'Air France et d'Alexandre de Juniac : la compagnie française a annoncé qu'elle pourrait suivre les pas de la compagnie allemande Lufthansa. Or Lufthansa a décidé d'appliquer une taxe sur les billets achetés via les comparateurs de prix sur Internet qui permettent au consommateur de payer moins cher le billet d'avion. Une taxe de 16 euros par billet.

Air France-KLM réfléchit à une taxe sur les billets internet...

C'est en marge d'une réunion de l'IATA, l'Association Internationale du Transport Aérien qu'Alexandre de Juniac, PDG d'Air France fraîchement réélu, a fait cette annonce choc : le groupe pourrait lui aussi taxer les billets achetés via des comparateurs de prix et les plateformes du système de réservation centralisé (GDS).

"C'est une question absolument clé pour nous. Nous évaluons cette option" aurait déclaré le PDG qui a également estimé que "la majorité de nos revenus proviennent du GDS".

Et si Air France veut taxer ces billets, c'est qu'il y a une raison : le transporteur espère que les voyageurs se tourneront vers sa propre plateforme Internet... ce qui les empêchera d'avoir la comparaison avec les compagnies concurrentes. Ou, à défaut, qu'il paye plus.

... et ça risque de se transformer en suicide

Le problème avec l'annonce d'Alexandre de Juniac est qu'il va se heurter aux mêmes critiques que son concurrent qui a eu l'idée le premier, Lufthansa : des critiques fortes de la part notamment du Syndicat national des agences de voyage (SNAV).

Les agences de voyages utilisent en effet le GDS pour réserver les billets de leurs clients et trouver le meilleur prix. En taxant ces billets, les agences n'auront que deux choix : soit passer par le service de réservation de la compagnie mais ne pas voir les autres vols et les autres prix ; soit passer par le GDS, comparer les vols, et éviter de prendre les compagnies qui surtaxent.

Et comme passer par le site officiel de la compagnie est une perte nette de productivité par rapport au système de réservation centralisé, elles vont probablement opter pour ce dernier... et faire l'impasse sur les propositions de Lufthansa et Air France.

Or Alexandre de Juniac a bien dit que les réservations via le GDS représentent la majorité des revenus du groupe...

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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