On s'en doutait, et l'enquête l'a confirmé : en France, plusieurs chaînes d’abattoirs sont responsables de manquements graves.
"Un océan de souffrance"
Fin mars, une vidéo tournée dans l’abattoir du Pays de Soule, à Mauléon dans le département des Pyrénées-Atlantiques, a été mise en ligne. Elle montrait des actes de maltraitance envers des animaux.
Ce n'était pas la première fois : l’an dernier déjà, l'association L2014 avait diffusé des vidéos choquantes, montrant l’agonie des animaux derrière les murs de l’abattoir d’Alès (Gard). "Chevaux, vaches, veaux, cochons, agneaux et moutons y sont tués dans un océan de souffrance et d'indifférence" assurait l'association. Le parquet avait ouvert une enquête pour "actes de cruauté" sur des animaux. L’abattoir incriminé a finalement fermé ses portes à titre conservatoire.
Dans la foulée de ces scandales, une inspection nationale sur la protection animale, ordonnée fin mars par le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, a été conduite dans la quasi totalité des abattoirs de boucherie en France et en Outre-Mer soit 259 établissements sur 263.
Le ministre a révélé mercredi 18 mai les résultats de cette grande enquête devant la commission parlementaire sur les abattoirs. Conclusion : des manquements graves ont été relevés sur 5 % des lignes d'abattage des abattoirs français inspectés au mois d'avril.
Peut mieux faire
"Cette inspection démontre que nous avons encore des progrès à faire", a déclaré le ministre en expliquant devant les députés que "dans les deux tiers des établissements, absolument aucun problème n'a été mis en évidence. Dans le tiers restant, la majorité des cas (concernait) des défauts de conformité mineurs". Malgré tout, des défauts d'étourdissements ont été relevés dans 39 chaînes d'abattage.
Dans les abattoirs où de vrais problèmes graves ont été mis à jour, des arrêt d'activité, suspension ou retrait d'agrément ont été ordonnés, d’après le ministre. Des procès-verbaux ont également été dressés, 99 avertissements et rappels à la règle ont été donnés et 77 exploitants ont été mis en demeure d'apporter des corrections à leur système dans un délai fixé par l'administration.
Désormais, le ministère assure que des inspections permanentes sont réalisées, et que tous les abattoirs de boucherie seront supervisés dans un délai maximal de trois ans.
Comme l’explique le site Internet du ministère de l’Agriculture, on compte 263 abattoirs de boucherie (bovins, ovins, caprins, porcins, équins) avec une production annuelle totale de 3,45 millions de tonnes.