« La France a moins réformé son système de santé que la plupart des pays voisins et a globalement préservé la couverture sociale, mais au prix de déficits élevés et persistants » : tel est le constat dressé par la Cour des comptes, qui émet une série de recommandations visant à optimiser le système de soins tout en réalisant des économies.
Désengorger l’hôpital en développant la médecine de ville
Premier chantier à engager, selon la Cour des comptes, et non des moindres : la réorganisation de l’hôpital. Les « sages » recommandent d’opérer un « virage ambulatoire vers la ville » d’une partie des prises en charge à l’hôpital. Afin que ce virage ne soit pas handicapant pour les hôpitaux, il faudrait mettre en place une tarification incitative, qui couvre au plus les coûts de transition vers le mode ambulatoire. Du côté de la médecine de ville, il faudrait accroître la place que prennent les professions paramédicales dans les soins primaires.
Un effort serait également à faire sur les tâches des infirmiers. La Cour recommande en effet de faire des pratiques avancées des infirmiers une composante significative de l’offre de soins de premier recours. Il faudrait accroître le nombre d’infirmiers formés pour des pratiques avancées mais aussi étendre dans la législation le périmètre des tâches qu’ils sont habilités à exécuter, « en s’inspirant des meilleures pratiques internationales ».
À l’avenir, les opticiens pourraient se substituer aux ophtalmologues
La Cour des comptes consacre aussi un chapitre entier de son rapport à la santé visuelle. Face au manque d’ophtalmologues, à leur répartition très inégale sur le territoire et à leurs dépassements d’honoraires fréquents, l’institution préconise de revoir la formation des opticiens-lunetiers afin de leur permettre de mener des consultations. En cas de détection d’une pathologie, le patient devrait néanmoins être systématiquement adressé à un ophtalmologue.
En se félicitant des résultats encourageants obtenus grâce à la hausse du prix du tabac en mars 2018, la Cour des comptes préconise de taxer davantage l’ensemble des boissons alcoolisées et les boissons sucrées. Enfin, les « sages » recommandent de développer la prescription des médicaments génériques et l’utilisation des données numériques de santé.