Bayer, le géant de l’agrochimie (qui a hérité des plaintes contre Monsanto depuis leur fusion en 2018), entend bien éviter le plus de procès possible face aux Américains qui estiment avoir développé des cancers après avoir été en contact avec son célèbre herbicide Roundup, à base de glyphosate.
Bayer demande aux plaignants de prendre une multitude d’engagements
Selon les informations de Bloomberg, Bayer est parvenu à des accords à l’oral avec la majorité des 125.000 plaignants américains qui prétendaient à des dommages et intérêts pharaoniques, estimant que les cancers qu’ils ont développés sont liés à l’herbicide Roundup, formulé à base de glyphosate. Toujours selon les sources de Bloomberg, 50.000 à 85.000 dossiers seraient concernés, et les engagements réciproques doivent encore être fixés par écrit, puis approuvés par le conseil de surveillance de Bayer en juin 2020.
D’après ces accords, Roundup continuera à être vendu aux États-Unis, tant aux agriculteurs qu’aux particuliers, sans mention de ses effets cancérogènes. Les avocats des plaignants devront également s’engager à ne pas accepter de nouveaux clients dans ce dossier et ne pas faire de publicité pour leurs services pour attaquer Bayer. En échange, Bayer fera aux plaignants des chèques allant de plusieurs milliers de dollars à plusieurs millions chacun.
Bayer espère boucler le dossier d’ici fin 2023
Mais tous les plaignants ne sont pas contents des termes proposés par Bayer. Selon James Onder, avocat basé à St. Louis (Missouri), interrogé par Bloomberg, les 24.000 plaignants qui lui ont confié leurs dossiers contre Bayer n’accepteront pas les 5.000 dollars que Bayer leur a proposés. En tout, Bayer prévoit de dépenser un maximum de 10 milliards de dollars pour régler les plaintes liées au potentiel cancérogène de Roundup. La firme espère boucler le dossier d’ici fin 2023.
Rappelons qu’en 2015, le glyphosate a été déclaré cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une institution dépendant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Quant à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), elle a choisi de ne pas le classer comme tel, un argument que Bayer ne se prive jamais de mettre en avant. Cette différence de classification est en réalité due à une différence de méthode. Car dans une formulation, l’EFSA évalue uniquement la toxicité des ingrédients actifs, tandis que le CIRC examine la formulation entière.