Temps de travail : Sarkozy président, ce sera au bon vouloir du patron

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 1 septembre 2016 à 11h21
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1841La première loi sur la limitation du temps de travail date de 1841 en France.

L'ancien président de la République a, dans un entretien au journal Les Echos publié jeudi 1er septembre 2016, lancé un nouveau front de son programme économique : la fin des 35 heures. Mais attention, il n'est pas question de parler de 39 heures ou même de 40 heures. Quand Nicolas Sarkozy veut la fin des 35 heures, c'est qu'en fait il veut la fin du plafonnement du temps de travail hebdomadaire. L'entreprise pourra faire ce qu'elle veut.

Dites adieu à votre vie de famille, vous travaillerez tout le temps

Un simple tweet du compte officiel de Nicolas Sarkozy qui reprend une des propositions de campagne explicitées dans l'entretien donné aux Echos risque bien de faire du bruit. "Toute entreprise aura la liberté de fixer librement la durée hebdomadaire de travail" écrit l'ancien Président. Donc, tout simplement, c'est la fin des 35 heures que veut mettre en place le candidat à la primaire du parti Les Républicains.

Toute entreprise aura la liberté de fixer librement la durée hebdomadaire de travail #LesEchos #ToutPourLaFrance pic.twitter.com/AC3scDacJb

— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 1 septembre 2016

En fait, c'est même plus que ça. Nicolas Sarkozy revient sur un acquis social qui date de... 1841. Cette année-là, en France, la première limitation du temps de travail hebdomadaire était fixée par une loi, celle du 22 mars. Elle interdisait le travail des enfants de moins de 8 ans et fixait la durée légale pour les enfants entre 8 et 12 ans à 8 heures par jour. Depuis, heureusement, des pas ont été faits dans le sens des travailleurs.

En 1919 c'est la première vraie loi sur la limitation du travail pour tous qui est votée en France et qui fixait à 8 heures par jour maximum la quantité d'heures travaillées. Naturellement, il n'était pas encore question de Week-ends et autres jours fériés, et encore moins de congés payés. Nicolas Sarkozy veut donc faire revenir la France au début du 20ème siècle... en laissant aux entreprises libre cours à leur imagination... 40 heures ? 50 heures ? 70 heures de travail hebdomadaire ? Pourquoi pas...

Le combo magique : pas de limitation du temps de travail et la fin des allocations pour qui refuse un poste

Dans la foulée, toujours sur le twitter officiel de Nicolas Sarkozy, on apprend un autre point de son programme économique. "Toute personne qui refusera deux fois un emploi ou une formation se verra privée de ses allocations."

Toute personne qui refusera deux fois un emploi ou une formation se verra privée de ses allocations. #LesEchos pic.twitter.com/Pm9swKG1MR

— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 1 septembre 2016

Si la question des chômeurs de longue durée est un véritable problème en France, on voit déjà la dérive que ces deux propositions peuvent entraîner. Imaginez donc la situation suivante : M. Dupont est au chômage depuis 2 ans et a déjà refusé un emploi qui ne lui correspondait pas. Là, l'entreprise X lui propose un contrat de... 55 heures par semaine. Monsieur Dupont aura donc le magnifique choix entre aller travailler 55 heures par semaine et... ne plus toucher d'allocations. A votre avis, que va choisir M. Dupont ?

Les entreprises se feront donc un plaisir de proposer des contrats avec des heures de travail très élevées aux chômeurs qui sont sur la sellette.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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